Inventaire lexicographique du français calédonien

par Christine Pauleau



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Pour citer ce travail :
PAULEAU, C., Inventaire et observatoire lexicographiques du français calédonien (Nouvelle-Calédonie), bilan sociolinguistique sur le géolecte francocalédonien, Paris, site du laboratoire Modèles Dynamiques Corpus (MoDyCo), UMR 7114 du CNRS/ Université Paris Nanterre, depuis 2022, https://ressources.modyco.fr/dicocaledonien/

Cette oeuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. CC BY-NC-ND 4.0








Christine PAULEAU



Inventaire lexicographique polylectal du français calédonien (lexique général et lexique de la flore et de la faune),

bilan de sociolinguistique lexicale

sur le géolecte francocalédonien








































Cet inventaire lexicographique en ligne

est une version revue, augmentée, mise en ligne en 2022 et actualisée régulièrement,

de l'ouvrage papier suivant :


PAULEAU C., Mots de Nouvelle-Calédonie, éléments de recherche sociolinguistique sur le français calédonien : inventaire lexicographique polylectal, Nouméa, CDP de Nouvelle-Calédonie, 2007, 2 tomes (tome 1 « lexique général », tome 2 « lexique de la flore et de la faune »).





















Avertissement



Le principe d’objectivité de la description scientifique exigeant la prise en compte de tout élément considéré comme fragment du réel à décrire, j’ai bien sûr rejeté tout principe d'auto-censure mettant entre l’objet d’étude et le chercheur un obstacle non scientifique.

Ce principe général est d'autant plus vrai ici que mon approche du français calédonien* dans cet ouvrage se veut polylectale : je prends en compte tous les "mots et expressions du pays", des plus soutenus (par exemple, les termes de la sociologie du monde kanak* -aires coutumières, chefferie..., ou de l'administration –congrès, province...), et des plus spécialisées ( domaines de la flore et de la faune par exemple) aux plus courants (haussariat...) et jusqu'aux plus familiers (c'est damé...) et aux plus populaires (les vous autes) et triviaux (injures, insultes, et autres grossièretés faisant partie de la réalité du lexique). Aussi je tiens à avertir le lecteur de la présence de nombreux termes, répertoriés dans cet inventaire, qui peuvent choquer l’instinct normatif et de bienséance linguistique que chacun porte en soi : termes frappés de tabou soit parce qu’ils relèvent du registre dit vulgaire ("gros mots"), soit parce qu’ils font partie de champs sémantiques dérangeants, en rapport avec les conflits politiques par exemple.

Je ne pouvais écarter ces expressions sous prétexte qu’elles peuvent déranger certaines de nos "convenances", car à mon sens, le linguiste doit laisser à la porte de son laboratoire ces considérations, s’il veut préserver le caractère descriptiviste de son travail : décrire le réel, tel est mon seul objectif ici.






Remerciements


Je tiens tout particulièrement à remercier ici mes amis, notamment Yves Jacquier et Dominique Verdier, ainsi que mes neveux et nièces, pour leurs apports réguliers de corpus récoltés de manière spontanée sur le terrain. J’ai chaque fois exploité ces corpus avec délectation! Tinkiou à tous les vous autes !




































































A Suzy Lafage





















SOMMAIRE




Présentation générale




Le français calédonien* : un géolecte du français


Situation du français en Nouvelle-Calédonie

Point de vue géo-linguistique

Point de vue historico-linguistique 

Point de vue démographique

Paysage sociolinguistique actuel

Continuum sociolinguistique actuel

Dynamique sociolinguistique actuelle


Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique

Travaux en linguistique générale portant surtout sur les langues kanak* et le créole tayo*

Travaux en sociolinguistique variationnelle sur le français calédonien* : état de la recherche

Travaux sur le français calédonien* concernant le lexique

L’Observatoire du français dans le Pacifique

La description lexicologique et lexicographique du français calédonien*

Une base de données lexicographiques en accès libre : la BDLP-Nouvelle-Calédonie

Travaux sur le français calédonien* concernant le plan phonétique et d’autres domaines de la linguistique


Conclusion



Présentation du présent inventaire lexicographique en ligne



Objectifs et type d’approche


Données de base

Bilan de l’analyse polylectale et sociolinguistique


Bilan de l’analyse lexicographique

Structure de l’inventaire lexicographique


Classement et choix des entrées

Renvois

Articles

Plan et contenu des articles

Traitement des lexies polysémiques

Articles traitant des expressions telles que locutions, collocations, et composés

Contenu des rubriques

-Entrée-vedette :

-"Attesté uniquement à l’oral"

-Catégorie grammaticale 

-Marque(s) d’usage

-Identification scientifique

-Définition

-Illustrations

-Equivalents hexagonaux

-Synonyme 

-Norme

-Collocations fréquentes

-Dynamique

-Renvoi vers la Base de Données Lexicographiques Panfrancophone (BDLP)


Conventions graphiques


Annexes


Bibliographie-Sitographie











Présentation générale



A l’ouest de l’Australie, la Nouvelle-Calédonie est un petit archipel multiculturel, qui, avec presque 300 000 habitants, réunit toutes les ethnies océaniennes. Le paysage linguistique est riche : une trentaine de langues kanak*1 et des langues importées comme les langues polynésiennes, asiatiques, indonésiennes, mais aussi la langue française devenue langue officielle du fait de la colonisation. Tableau auquel on peut ajouter la présence, discrète mais bien réelle, d’autres idiomes aussi divers que le bichelamar* (mélange anglo-mélanésien parlé par les Ni-Vanuatu*) ou l’anglais austral des proches voisins australiens et néo-zélandais.

Or dans cette collectivité française d’outre-mer aux antipodes de l'Hexagone, le rôle de langue de communication inter-groupes n'est tenu ni par un créole2 ni par un pidgin (alors que c’est le cas couramment dans ce type de situation sociolinguistique) : la langue de communication est le français, ou plutôt par une variété de français, un géolecte, que nous appelons ici français calédonien*.


Au sein de ce français calédonien*, c’est le lexique qui est l’objet du présent ouvrage, plus précisément les particularités lexicales (les diatopismes lexicaux).

Il s’agit, après de longues années d’un travail commencé dans les années 1990, de rendre compte de l’état du lexique, état qui peut se résumer de la façon suivante3 : si le noyau lexical des particularismes régionaux est stable (des expressions comme un poca*/ un creek*/ une roussette* …etc. sont d’un usage constant -et ce depuis au moins la fin du XIXe siècle- ceci montrant que le français calédonien* a une identité propre), certaines formes lexicales vieillissent (une bayou*/ ça* oui/ ...) et d’autres apparaissent comme nouvelles (jine*…/ monf*/ ...). Le français calédonien*, comme toute langue ou variété de langue, vit, s’érode, évolue, se régénère en permanence ...

C’est un épisode de vie du français calédonien* qui est décrit ici, un des visages de la francophonie océanienne… Celle-ci non seulement est bien vivante (presque 900 000 francophones océaniens4), mais elle est en plein développement, les locuteurs francophones unilingues étant de plus en plus nombreux5. Pourtant, même les spécialistes de la francophonie connaissent peu l’Océanie, davantage explorée pour ses langues autochtones que pour le français6.

Cet ouvrage rappelle donc que le français calédonien* existe, il manifeste son identité, et cela n’est pas négligeable du point de vue culturel pour le pays. En effet, le français calédonien*, langue de communication, véhiculaire inter-groupes, peut être considéré comme le lien entre les divers et nombreux groupes culturels et linguistiques en présence dans l’archipel. Cette langue commune est un élément important pour l’avenir d’un pays qui était censé se diriger vers une autodétermination mais dont l’avenir politique est aujourd’hui en forme d’interrogation7. Les rares documents existant sur le français local8 ont toujours eu un écho très favorable auprès des locuteurs et des médias locaux, et ont déjà contribué à souligner une identité calédonienne* pluriculturelle. Ce nouvel ouvrage pourra, nous l’espérons, renforcer encore cette identité.











Le français calédonien* : un géolecte du français







Situation du français en Nouvelle-Calédonie9





Collectivité sui generis10 ayant le français comme langue officielle, la Nouvelle-Calédonie est inscrite de fait dans la francophonie, ceci de manière spectaculaire puisque, comme nous le verrons, la proportion de francophones y est l’une des plus fortes de l’ensemble des pays de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Paradoxalement le français de Nouvelle-Calédonie suscite peu d’intérêt, en comparaison notamment des formes de français parlées ailleurs dans le monde, sur le continent américain ou africain par exemple. Les autres langues parlées dans l’archipel, notamment les langues kanak* et le créole tayo*, ont quant à elles, fait l’objet d’un certain nombre de travaux depuis longtemps, au contraire du français calédonien*11. Sa situation géolinguistique et sociolinguistique étant peu connue, nous commencerons par en dessiner les grandes lignes.



Point de vue géo-linguistique


L’archipel de la Nouvelle-Calédonie, le plus lointain territoire ultramarin français12, est, depuis 2003, une collectivité sui generis (ex-territoire d’outre-mer13). Situé dans l’océan Pacifique sud, entre le tropique du Capricorne et l’équateur, il faut pour y accéder depuis la France deux mois de navigation, en moyenne vingt-cinq heures de voyage par avion. 17 000 km et dix heures de décalage horaire séparent Nouméa de Paris. En termes de géographie humaine, le territoire calédonien* fait partie de la Mélanésie14   et comptait, en 2019, 271 407 habitants15. L’économie s’appuie surtout sur l’extraction et la production du minerai de nickel16, ainsi que sur le secteur tertiaire17. La croissance soutenue et stable depuis les années 1990 entraîne un taux d’emploi qui est le plus fort de l’outre-mer français, ce qui n’empêche pas un taux de 18,3% de personnes sous le seuil de pauvreté (ISEE, 2019), le fossé entre catégories socio-économiques favorisées et défavorisées étant aussi le plus fort de l’outre-mer français18. En outre, la Nouvelle-Calédonie n’échappe plus désormais à la crise, l’exploitation du nickel ayant une rentabilité très instable19 et le tourisme étant à la traîne20. « Il est paradoxal de constater que dans un processus d’émancipation et de décolonisation21, la Nouvelle-Calédonie est de plus en plus dépendante de la Métropole » (Gay, 2021 : 183).

Ce pays francophone océanien de moins de 19 000 km2, soit un peu plus de deux fois la Corse, est le voisin immédiat de territoires anglophones22  imposants tels que l’Australie (7 693 000 km2), qui se trouve à 1 800 km de la Nouvelle-Calédonie, et la Nouvelle-Zélande (267 000 km2), à 1 700 km. Tahiti, terre francophone, se trouve beaucoup plus loin, à 5 000 km. La méconnaissance dont l’archipel calédonien* est l’objet est-elle due à ce caractère d’île lointaine, moins familière des Français que le Maghreb ou l’Afrique, eux, bien connus du fait de leur proximité géographique, leur présence dans l’Hexagone par l’immigration, le nombre des locuteurs concernés ? Ces trois paramètres jouent exactement à l’inverse pour la Nouvelle-Calédonie, qui se trouve aux antipodes, ne connaît que peu de migration vers la France et concerne moins de 300 000 locuteurs. Pourtant la francophonie calédonienne* se distingue par d’autres aspects, comme par exemple sa proportion de francophones : sur 291 000 habitants, 288 000 sont francophones, ce qui constitue la plus forte proportion (99%) de l’OIF -estimations OIF 202223. Le taux de scolarisation élevé en Nouvelle-Calédonie (OIF 2005 et IRD 201224) donne en effet plus précisément cette forte proportion de « francophones réels »25, par opposition aux « francophones partiels ». Tout cela constitue une originalité rapprochant la Nouvelle-Calédonie des pays de la francophonie dite « du nord » alors qu’elle a, du fait de son passé colonial, un statut de pays de francophonie « du sud »26. Ainsi la francophonie dans ces régions n’est-elle pas un fantasme, d’autant plus que le français y devient, en zone urbaine, la langue vernaculaire des locuteurs nés de parents non francophones de langue maternelle (nous y reviendrons infra)27.

Le point de vue géo-linguistique montre donc que, malgré son éloignement, cette partie méconnue de la francophonie a un intérêt spécifique qui est loin d’être négligeable, par rapport aux autres espaces francophones dans le monde, mieux connus. Son histoire montre encore une autre facette comme nous allons le voir…

Carte 1


Source:
http://www.francophonieerevan2018.am/fr/francophonie/carte-du-monde-de-la-francophonie.html

Situation géographique de la Nouvelle-Calédonie dans le monde francophone






Carte 2

Source : Gay (2014 : 16), aimablement transmise par l’auteur

Situation géographique de la Nouvelle-Calédonie au sein de la Mélanésie











Cartes 3



Source:
http://www.mncparis.fr/nouvelle-caledonie

Archipel de la Nouvelle-Calédonie






Carte 4


Source : Lacito-CNRS, 2011, cité par Pauleau, 2016b.


Langues kanak* de Nouvelle-Calédonie

















Point de vue historico-linguistique 28


Peuple mélanésien, les Kanak*29, arrivent dans l’archipel il y a environ 3500 ans. Les langues kanak*, qui relèvent de la famille austronésienne orientale, sont multiples (autour de trente)30, lorsque, à partir de la fin du XVIIIe siècle, elles sont mises en contact en Nouvelle-Calédonie avec d’autres langues : l’anglais, les langues asiatiques, les langues polynésiennes -une vingtaine de langues en deux siècles.

Ce sont les navigateurs (notamment l’Ecossais James Cook, premier occidental à découvrir l’île en 1774), les commerçants australiens et asiatiques, les missionnaires polynésiens et anglais de la London Missionary Society, qui établissent les premiers contacts avec la population indigène mélanésienne. Les premières familles métisses calédoniennes* sont souvent issues d’unions entre marins anglo-saxons et femmes kanak*. Cette rencontre est celle du monde kanak* et du monde occidental ; le monde kanak* relevant d'une civilisation première, usant de langues austronésiennes à tradition orale, le monde occidental relevant d'un univers culturel et linguistique radicalement différent, et parlant en l'occurrence l’anglais, langue de colonisation, qu’elle soit commerçante ou religieuse. Avant 1853, les premiers immigrants sont surtout anglo-saxons, comme le santalier James Paddon, qui donne son nom aux colons australiens de cette période, les colons Paddon, une dizaine de familles, dont certaines sont d’origine allemande. La langue de communication entre "colons" et "indigènes" est alors un pidgin31 anglo-mélanésien qui mélange l'anglais, les langues polynésiennes et les langues kanak* : le bichelamar*. Jusqu’à la fin du XIXe siècle cet idiome reste le plus courant en Nouvelle-Calédonie, en concurrence avec le français et l’anglais (le bichelamar* est aujourd’hui l’une des langues officielles de l’archipel voisin : le Vanuatu). Entre 1850 et 1925, ce sont cette fois des francophones qui, débarquant d’abord à Tahiti, se dirigent pour certains vers la Nouvelle-Calédonie32, originaires principalement « du Grand Centre et de l’Ouest de la France » (54 %) ainsi que de Bretagne et d’Anjou (22,5 %), du Poitou et de Saintonge (10 %) -Hollyman, 1979 : 633 33.

La prise de possession par la France en 1853 confirme l’entrée de la langue française dans le paysage linguistique calédonien*, qui continue ainsi de se modifier, en fonction de nombreux changements démographiques. La colonisation française entraîne dans l’archipel, alors peuplé d’au moins 60 000 Kanak*34, la venue d’immigrés de tous horizons : en effet, de 1863 à 1897 se côtoient une population libre et une population pénale car la colonie pénitentiaire de la Nouvelle détient des transportés, criminels de droit commun (22 000), des déportés, prisonniers politiques comme les communards autour de Louise Michel (4 000)35. De tout l’Empire colonial arrivent des bagnards (30 000 en tout) qui, à partir de 1885, peuvent aussi être de simples délinquants récidivistes (les relégués). D’Algérie notamment sont envoyés quelque 2 000 détenus qui feront souche en « Calédoune », nom qu’ils donnent à l’archipel calédonien*. Le peuplement de la colonie est assuré par des unions entre anciens prisonniers et prisonnières (2 000 femmes sont envoyées à La Nouvelle) ou avec des femmes kanak*. Du fait de l’obligation de résidence perpétuelle dans la colonie (dont se double en général la condamnation au bagne) et de la réhabilitation des condamnés après leur peine prévue par la loi (qui leur accorde des concessions à cultiver), certains ex-détenus s’installent en tant qu’agriculteurs36. D’autres sont mineurs lorsque débute l’exploitation du nickel (1875), les premiers mineurs étant majoritairement des bagnards, côtoyant par la suite des travailleurs kanak*, néo-hébridais, japonais, tonkinois, chinois, javanais37. « Le caractère bigarré de la population néo-calédonienne* avec sa composante asiatique, découle […] de l’activité minière » (Gay, 2014 : 51)38.

Le bagne est un facteur déterminant le peuplement, il est « à l’origine du groupe le plus nombreux de l’immigration rurale […], les condamnés et leur famille constituent [au XIXe siècle] la majorité de la population européenne en brousse* » (Ibid.), la population libre étant surtout à Nouméa. Cette dernière vient de France, mais aussi d’Australie, d’Océanie, d’Asie, d’Indonésie ou d’autres îles comme la Réunion (l'île Bourbon).

La colonie de peuplement implantée (implantation qui succède à la colonie pénitentiaire fermée en 1897) subit une « crise profonde du projet de peuplement colonial » (IRD, 2012 : 110), à la fin du XIXe siècle. Malgré l’immigration planifiée de planteurs de l'île Bourbon (avec leurs coolies indiens dits malabar) et d’éleveurs d’Alsace-Lorraine, les pénaux sont toujours deux fois plus nombreux que les colons libres. La population kanak* a dramatiquement chuté (27 000 en 1901)39, celle des Européens* peine à progresser (23 500). Les échecs agricoles et l’insuffisance de l’emploi minier font migrer les Européens* vers l’Australie, les Nouvelle-Hébrides ou la France. Malgré les dernières tentatives de peuplement (avec l’envoi, dans les années 20, de 240 colons nordistes fuyant le nord de la France dévasté par la guerre et s’installant, pour certains, durablement) en 1945, les Européens* ne sont plus que 18 500.

Dans ce climat d’anémie démographique séjournent, entre 1942 et 1946, près d’un million de soldats américains, ainsi que les forces alliées australiennes et néo-zélandaises, marquant profondément la culture calédonienne*. À cette époque, avec l’abolition du régime de l’indigénat et la résidence libre accordée aux engagés (1946), la société multiculturelle calédonienne* est en pleine émancipation et le français commence à devenir la langue de communication du fait de la multiplication des échanges inter-groupes. Cela se poursuit par l’arrivée, dans les années 1960, de colons (fonctionnaires, administrateurs, hommes d’affaires…) qui convergent des ex-colonies devenues indépendantes vers la Nouvelle-Calédonie, toujours française. Le « boum économique » (1969-1972) lié à l’exploitation du nickel accentue fortement cet accroissement des migrations, en provenance notamment de la métropole, des départements français d’outre-mer (Antilles -Martinique surtout, Guyane, Réunion…), de Polynésie française (Tahiti, et surtout Wallis et Futuna) ou d’anciens territoires français (Djibouti, Comores, Algérie, etc.).

Ainsi une mosaïque ethnolinguistique résulte-t-elle des migrations multiples au cours de l’histoire, les communautés les plus nombreuses étant aujourd’hui celle des Kanak*, puis celle des Européens*, puis celle des Wallisiens (Polynésiens de Wallis et Futuna).





Point de vue démographique

Quelques bilans démographiques depuis les années 1990 :


  • Résultats du recensement en 1989 (INSEE Première 41) :

164 173 habitants

Kanak* 44,8%

Européens* 33,6% (de souche française, établis pour la plupart depuis plus de trois générations)

Polynésiens 11,5%

Indonésiens 3,2%

Vietnamiens 1,5%

Vanuatais 1%

Allochtones d'origines diverses (Antillais, Réunionnais, autres Asiatiques...) 4,4%


  • Résultats du recensement en 1996 (ITSEE & INSEE 1997) :

196 836 habitants

Kanak* 44,1 %

Européens* 34,1 %

Polynésiens 11,6% : 9% de Wallisiens-Futuniens, 2,6 % de Tahitiens

Indonésiens 2,5%

Vietnamiens 1,4%

Autres (Vanuatais, Antillais, Réunionnais, Chinois…) 7,7%


  • Résultats du recensement en 2004 (ISEE.nc) :

230 789 habitants

Voir le paragraphe ci-après.


  • Résultats du recensement en 2009 (ISEE.nc) :

245 580 habitants

Kanak* 40,3%

Européens* 29,2%

Wallisiens et Futuniens 8,7%


  • Résultats du recensement en 201940 (ISEE.nc) :

271 407 habitants ­

Kanak* 41,2 %

­Européens* 24,1%

­Wallisiens et Futuniens 8,3 %

­Personnes se déclarant appartenir à plusieurs communautés (y compris métisse) 11,3 %

­­Autres (Indonésiens, Ni-vanuatu*, Tahitiens, Vietnamiens, autre…) ­ 7,5 %



Si en 1989 (INSEE première 41: 1) la population est marquée notamment par la "coexistence de plusieurs ethnies d'origines, d'effectifs, de structures et de caractéristiques différentes, par la forte proportion de personnes nées hors du Territoire et par l'élévation du niveau d'instruction", après 2000 on peut présenter la population calédonienne* de la manière suivante : une remarquable mosaïque ethnique certes mais aussi et surtout une mosaïque qui se complexifie, progressivement mais de manière flagrante, du fait des métissages multiples, qui rendent difficile la description démographique. En effet au bout de deux générations (ou plus) de métissages croisés (avec très souvent des doubles ou quadruples métissages -métis avec mère et/ou père et/ou grands-parents déjà métis), les individus donnent souvent une réponse subjective à la question : A quel groupe ethnique (ou culturel) appartenez-vous ? C’est précisément la raison pour laquelle les chiffres de la population par groupes ne sont pas connus officiellement dans les années 2000. En effet, les recensements de cette période n’avaient pu être menés à terme parce qu’ils ne prenaient pas en compte les métissages qui caractérisent la population.

La composition en 1989 et 1996 est sensiblement la même et on peut donc dire que la mosaïque ethnique est stable à cette époque. Mais depuis, il semble que l’élément saillant serait la baisse de la proportion d’Européens*.

Toutefois ces chiffres sont à prendre avec réserve étant donné les distorsions qui existent souvent entre la réalité des communautés et des métissages et les représentations de ceux-ci (qui notamment poussent les recensés métis à « choisir » de déclarer telle ethnie plutôt que telle autre pour le recensement).

Quant à l’accroissement de la population, elle est forte entre les années 1990 et 2010, avec « 50 000 habitants de plus en 13 ans » (INSEE Première 1338), surtout « dans la province Sud (+ 2,3 % par an en moyenne entre 1996 et 2009) » (Ibid.). Mais par la suite et jusqu’aux présentes années 2020, on observe un ralentissement certain de la courbe de population : cela pourrait être dû à une situation économique dégradée41, aux interrogations que génère le climat politique, à la déception que suscite le piétinement peu enthousiasmant du processus d’autodétermination, qui avait pourtant dans les décennies précédentes donné un souffle vitalisant42.




Paysage sociolinguistique actuel43


Le français, qui est la langue maternelle des Européens* et d’un nombre croissant de membres d’autres groupes linguistiques, est aussi langue seconde pour les locuteurs de langue maternelle kanak*, polynésienne (tahitien, wallisien, fidjien, etc.), indonésienne (javanais…), asiatique (vietnamien, mandarin, etc.), ainsi que pour les locuteurs du créole tayo* et du bichelamar44. On ne peut cependant omettre dans ce paysage linguistique l’influence de l’anglais, le poids de l’anglais austral voisin (et celui de la présence américaine pendant la seconde guerre mondiale45), étant aujourd’hui doublé par la domination anglophone mondialisante.

Les langues kanak* sont des langues à faible démographie. Certaines, comme le drehu*, peuvent compter 16 000 locuteurs, d’autres sont en danger comme le pwapwâ* (39 locuteurs en 2009) ou le sîshëë* (19 locuteurs en 2009) - https://www.alk.nc. Parmi ces langues certaines sont actuellement intégrées dans l’enseignement primaire, secondaire et universitaire. Au lycée, notamment, l’enseignement du drehu*, du nengone*, du paicî*, de l’ajië* est officielle depuis 1992 et fait l’objet d’épreuves orales et écrites du baccalauréat46. Le français, seule langue officielle, est néanmoins la langue d’enseignement. Aujourd’hui, et de plus en plus depuis la deuxième moitié du XXe siècle, le français est aussi langue véhiculaire, i.e. langue de communication entre les divers groupes linguistiques : le français sert des fonctions prestigieuses (langue de la parole publique, des situations formelles) et des fonctions ordinaires (langue de la parole privée, langue du quotidien) dans le groupe européen* mais aussi, de plus en plus, dans les autres groupes et, notamment, dans les couples mixtes. En conséquence, au moins en milieu urbain, cet idiome est en train de se vernaculariser, de prendre la place des langues vernaculaires kanak*, polynésiennes, indonésiennes, asiatiques : pour nombre de locuteurs issus de parents bilingues (par exemple, langue 1 : langue kanak* / langue 2 : français ou encore langue 1 : langue polynésienne / langue 2 : français, etc.47), le français est, surtout depuis les années 1990, la langue courante du quotidien. Ces locuteurs citadins deviennent donc peu à peu francophones unilingues et leurs enfants peuvent avoir le français pour unique langue maternelle48 (en 1996 déjà, 30 % des Kanak* sont des citadins et, dans les autres ethnies, une grande majorité l’est aussi49).

La situation du français calédonien* est également originale par son aspect politique, la Nouvelle-Calédonie s’inscrivant dans une dynamique post-coloniale unique au monde : au sein de ce pays tardivement peuplé de francophones50, un processus inédit de décolonisation progressive est expérimenté, grâce aux Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), autour du projet de destin commun51. Ce projet d’émancipation politique, ô combien difficile52, même s’il s’oriente un jour vers une indépendance, se noue et se nouera autour du français car c’est la seule langue que la quasi-totalité de la population maîtrise à l’oral et à l’écrit.





Continuum sociolinguistique actuel53

Le français calédonien* est conceptualisé, dans les travaux de description différentielle menés ici, comme différent du « français de référence » (ou « français standard »), ces derniers termes54 nommant ici la « norme » exogène du français, celle de la bourgeoisie parisienne cultivée55. Ce sont ces différences qui sont l’objet de la recherche et notamment l’objet de classifications diverses. Par exemple, comme toute (forme de) langue et donc comme tous les géolectes du français, y compris ceux de l’Hexagone, le français calédonien* s’inscrit dans un continuum diglossique comprenant de multiples lectes56 :

  • ­ A un pôle, se situe le français « standard » ou les français très standardisés57 (tendant vers la norme exogène58), servant plutôt les fonctions réputées hautes59 en situation formelle : ce sont les « acrolectes » en usage, par exemple, en situation surveillée chez certains Français de France fraîchement immigrés ou chez les journalistes de France Inter, qui émet en direct depuis les années 2000 (aux cotés des radios locales), et dont de nombreux programmes usent du français de référence ; ce sont également les « acrolectes » calédoniens*, formes soutenues du français local, tendant vers la norme (endogène-exogène), par exemple en usage en situation surveillée notamment -mais pas seulement- chez les locuteurs de la bourgeoisie nouméenne cultivée. Les énoncés (1) infra peuvent être des illustrations de ces acrolectes locaux60, ils comportent souvent -mais pas toujours- des particularismes calédoniens*.

  • ­­ La partie médiane du continuum est pour sa part constituée des formes produites plutôt dans des situations semi-formelles,  qui sont plus ou moins différentes des formes relevant de la norme exogène : « mésolectes hauts » des locuteurs surveillant relativement leur langue, mais laissant place à des incursions d’expressions plus ou moins familières et à des particularismes calédoniens* comme dans les énoncés (3) ; « mésolectes bas » des locuteurs moins contraints par la norme et usant de particularismes calédoniens* avec, éventuellement, des mots relevant du registre plus ou moins vulgaire -énoncé (11).

  •  Au pôle opposé se trouvent les usages des situations informelles (« basilectes »), à fonctions réputées basses, comprenant toutes les formes les plus distantes de la norme  (endogène-exogène) : les français populaires dans leurs formes locales communes -énoncés (13)- ou dans des formes locales plus groupales comme le français populaire des jeunes -énoncé (9)- ou français kaya61 -énoncés (12) ; plus rarement, les français populaires dans leurs formes hexagonales, pour peu que certains locuteurs immigrés de France les parlent. Le bas de ce pôle est occupé par les langues autres que le français, parlées par les populations océaniennes, qu’il s’agisse du tayo62, créole à base lexicale française (autour d’un millier de locuteurs63 -énoncés (14)), ou des autres langues encore plus éloignées du français, les langues kanak*, les langues océaniennes ou asiatiques immigrées. 64

Il faut bien sûr souligner l’existence, dans ce paysage, des multiples usages intermédiaires qui, par définition, figurent dans une représentation nommée continuum. En relèvent aussi les formes de français produites par les interférences entre langues en contact. Les « français kanak* » en sont des exemples, dans leurs formes « basses » comme dans leurs formes « hautes ». Il peut s’agir, par exemple, des français populaires endogènes marqués par un lexique « ethnolectal » kanak* -formes « basses » ; énoncé (7)- ou des français acrolectaux kanak*, proches de la norme endogène par le lexique et la syntaxe mais marqués par un fort « accent » kanak* -formes « hautes » ; énoncé (2). Les « français polynésiens » (« français tahitien » -énoncé (6)- ou « français wallisien » -énoncé 10)- ou le « français indonésien » sont d’autres formes, « hautes » ou « basses » -énoncé (4), que peut prendre le français calédonien*. Précisons qu’un « français européen* », forme ethnolectale européenne du français calédonien*, existe aussi, avec des marques lexicales -énoncé (6)- et un « accent » particulier (caractérisé notamment par une forte nasalisation). L’énoncé (10) est un usage « en citation » : cet article de magazine cite, en titre, un particularisme lexical wallisien en forme de clin d’œil complice au lecteur local, puis développe le propos en français acrolectal65. Cette hétérogénéité des pratiques est encore illustrée par les énoncés (4)-(5), (3b), (13a) ou (13c) qui montrent bien que souvent se mélangent ce que l’on appelle les « variétés » de langue, confirmant encore que celles-ci sont très perméables66.

    1. a. La mise en place […] d’institutions novatrices comme le sénat coutumier* [institution propre au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie] a permis d’ouvrir l’espace institutionnel au système traditionnel. (énoncé écrit, auteur calédonien* européen*, Viratelle in Lafargue, 2012 : 3)
      b. Nos langues dansent la danse de la terre… […] Arhâ*, Ajië* [noms de langues kanak*] […] Frappez le tronc d’arbre creux Pour cadencer la danse sacrée […]. (énoncé écrit, poète kanak*, Welepane in Bogliolo, 1994 : 249 ; Pauleau, 2007 : 41)


    1. notre G.I.E. a été conçu de cette façon […] nous allons nous organiser pour atteindre cet objectif […] nous travaillons dans la transparence (oral télévisé, locuteur, homme politique kanak*, P. Neaoutyine, Nouméa, 2015 ; prononciation fortement marquée par les interférences entre langues kanak* et français)


    1. a. je cherche des personnes qui voudraient faire débrousser* leur terrain [‘faire nettoyer leur terrain’] (oral radio, locuteur européen*, Nouméa, 2005, petites annonces radiodiffusées ; Pauleau, 2007 : 88)
      b. un Mélanésien qui ne sait pas parler sa langue bè c’est grave ça:// parce que qu’est-ce qu’il est ? c’est un Mélanésien il a la peau noire […] c’est c’est malheureux pour lui [‘c’est dommage pour lui’] (oral d’enquête, locutrice kanak* des quartiers défavorisés, Nouméa ; Barnèche, 2005 : 143)


    1. Dans ce pays toujours aussi divisé, où la mer est jamais* fini casser [sic] [‘où la mer est éternelle’] (oral chanté, locuteurs jeunes, chanson publiée par Sailofa sur YouTube, 2012 ; Jamais* fini casser – titre de la chanson – est une expression emblématique du parler populaire indonésien en Nouvelle-Calédonie ; BDLP-Nouvelle-Calédonie)


    1. Les « Zors* » fin* valabs* ou quoi ? [‘les Métropolitains : Super, hein ?’] Radiographie d’une minorité silencieuse – Qui sont-ils ? – Quels poids pèsent-ils ? – Qui les représente ? (écrit de presse, chapeau d’un article affichant le français calédonien* commun pour susciter la connivence, puis poursuivant en français standard, Nouméa, 2015)


    1. C’est pas là qu’il faut lancer l’épervier mon* fils [terme d’adresse amical] […] C’est à l’embouchure de la rivière […] Mon* pauvre diable ! [terme d’adresse amical] (énoncés écrits, auteur européen*, 2009 ; Kurtovitch cité par BDLP-Nouvelle-Calédonie)


    1. t’as pas de canon* [‘t’as pas d’herbe?’] mon* frère ? (oral d’enquête, locuteur jeune kanak*, Nouméa, 2005)


    1. Ahii* ! Je savais pas que t’étais zozo* ! [‘Ohlala ! Je savais que t’étais métropolitain !’] (écrit de B.D., attribué à un locuteur tahitien, 2004 ; l’interjection Ahii* ! est surtout en usage chez les Tahitiens ; Gielbé cité par Pauleau, 2007 : 35)


    1. -Je vous lâche la vidéo juste après  -OK CEB*! [écrit à l’écran] (oral et écrit de vidéo, YouTube Le grand concours, Coco Banane, 2022)


    1. Lui c’est* fort [‘il est fort’] (écrit de presse affichant l’oral populaire wallisien, titre d’article sur un coach sportif nouméen d’origine wallisienne*, Nouméa, 2013)


    1. culotte* / les flics ils ont coaltaré* tout le monde [‘putain les flics ils ont aligné tout le monde’] (oral spontané, locuteur européen*, Nouméa, sans date)


    1. a. pour travailler dans les bureaux faut bien parler phrasé quoi [‘faut bien parler quoi’] / sinon si on phrase pas c’est chômeur [‘si on parle pas bien, on sera chômeur’] (rires) […] on n’a pas les mêmes styles d’habits quoi / ceux qu’ont grandi ici c’est plutôt kaya* [‘c’est plutôt cool, décontracté’] (oral d’enquête, locutrice, jeune Kanak* des quartiers défavorisés, Nouméa ; Barnèche, 2005 : 228, 233)
      b. ça veut faire la fille blanche là […] elle veut faire machin-qu’est-bête-là [‘elle se la joue alors qu’elle est nulle’] (oral d’enquête, locutrice, jeune Kanak* des quartiers défavorisés, Nouméa ; Barnèche, 2005 : 231)


    1. a. Vous l’avez amené dans les palétuviers ! [où on se fait piquer par les moustiques] Vous savez très bien qu’une peau de zoreille* c’est pas comme les nous* autes ! [‘une peau de Métropolitain c’est pas comme notre peau’]. (écrit de B.D., 2002, Teg cité par BDLP-Nouvelle-Calédonie)
      b. on a été faire un coup* de pêche avec mon* con [‘on a été faire une partie de pêche avec lui’ – connotation affectueuse : `lui, mon ami’]. (oral spontané, locuteur européen*, Nouméa, 1990 ; Pauleau, 2007 : 79)
      c. on connaît pas [‘on sait pas’] faire des belles phrases (oral d’enquête, locutrice kanak* des quartiers défavorisés, Nouméa ; Barnèche, 2005 : 221)
      d. yan sous [‘j’ai pas de sous’ ou `y a pas de sous’] (écrit d’enquête, locuteur, 2005, se prononce [jansu] ; BDLP-Nouvelle-Calédonie)


    1. a. Sou améné léa [‘l”] da paltivié, ka sou coné ké la po [`peau’] ou tlé [‘tous les’] porotcha [‘blanc, zoreille*’] lé pa kom sa [se réfère à la peau] ou nou. (traduction de l’énoncé (13a), énoncé en tayo*, écrit d’enquête, locuteur, 2016).
      b. cé pa ta nou loto la [‘cette voiture elle est pas à nous’] (énoncé en tayo*, écrit d’enquête, locuteur, 2016)
      c. nan pa pièce ou nan pa l’arjan (traduction de l’énoncé (13d), énoncé en tayo*, écrit d’enquête, locuteur, 2016)


Ce que l’on appelle français calédonien* comprend l’ensemble de toutes les formes endogènes de la langue française comprises dans un tel continuum, y compris les formes ethnolectales. Ces dernières sont perçues avant tout comme « locales » (tel mot de tel groupe pouvant être employé par un autre groupe), suscitant la connivence car constituant « notre langue » vs « la langue des Métropolitains »67. Les traits communs à tous les groupes ethnolinguistiques (traits du lexique comme de la prononciation) constituent la part majoritaire, le fonds commun du français calédonien*.

Du point de vue des représentations, l’ambivalence règne aux deux pôles du continuum : le pôle supérieur de la norme exogène jouit d’un certain prestige chez les locuteurs calédoniens*, mais est également déprécié car associé à la culture zoreille* (i.e. `métropolitaine’ dans son acception péjorative) et à une certaine prétention stéréotypique du locuteur métropolitain immigré ; à l’inverse, la norme populaire ou familière endogène jouit d’un prestige de connivence linguistique -voir l’énoncé (5), mais est associée à un sentiment d’insécurité linguistique et d’illégitimité face à la norme exogène.

Dans d’autres espaces géographiques en francophonie, le continuum diglossique a une substance propre, relative au contexte spécifique de la situation francophone en question, mais le type de structure est identique à celui qui vient d’être évoqué pour le contexte calédonien*. En somme, le(s) français parlé(s) en Nouvelle-Calédonie présente(nt) a priori les mêmes propriétés générales que les autres cas de figure observables ailleurs : Pour cette raison il semble injustifié que la francophonie calédonienne* soit si peu connue. Cependant il est vrai que les productions littéraires locales ont très peu de visibilité, ce qui ne contribue pas à faire connaître le pays en tant que terre francophone. « Les lettres calédoniennes* pourtant, si elles sont peu visibles sur la scène nationale ou internationale, témoignent d’une belle vitalité », affirme A. Bihan (2012 : 2). En outre cette vitalité littéraire manifeste peu l’identité linguistique franco-calédonienne* : la littérature calédonienne* ne commence à faire usage du français calédonien* que depuis les années 2000, la littérature plus ancienne, notamment celle que l’on trouve depuis les années 1970 dans les manuels scolaires locaux, essentiellement à travers deux auteurs, J. Mariotti et G. Baudoux, est écrite dans un français très standardisé.




Dynamique sociolinguistique actuelle


Comme cela a été évoqué supra (v. « Présentation générale »), le noyau lexical du français calédonien* est stable depuis au moins la fin du XIXe siècle, des formes comme broussard*, cagou*, roussette*, étant d’un usage constant. Précisons qu’il n’est nullement question ici d’aborder un point de vue diachronique68 mais plutôt d’observer la langue en synchronie dynamique. En effet en contexte calédonien* comme ailleurs, on observe des formes sortant de l’usage et d’autres entrant dans l’usage. Comme le français hexagonal contemporain et les français régionaux de l'Hexagone, le français calédonien* contemporain est notamment sous l'influence à la fois de la mondialisation et de la standardisation.

Le cas des anglicismes en est une bonne illustration car certes il y a toujours eu des anglicismes dans le lexique du français calédonien*, mais on peut dire qu'aujourd'hui il en existe de deux types différents : d’une part les anglicismes anciens (station*, stockman* -vocabulaire de l’élevage issu de l’anglais austral, creek*, see you*, ...etc) qui sont à associer pour certains à la proximité des pays anglophones océaniens -l'Australie et la Nouvelle-Zélande- et pour d’autres à la présence américaine extrêmement prégnante lors de la seconde guerre mondiale (wharf*, car-port*) ; d’autre part les anglicismes issus actuellement de la dynamique planétaire (mail, web ...etc. –lexique lié à la mondialisation de la communication, mais aussi cool, top, fun, weed, ...etc. –lexique issu initialement de la langue des jeunes, se conformant en Calédonie comme ailleurs au modèle américain).

Outre la pression du modèle anglophone universel, une autre pression s'exerce sur le français calédonien* comme sur les autres variétés de français des diverses régions de l'Hexagone : celle du modèle parisien, autrement dit de la norme de référence exogène69. En effet, la vague générale de standardisation du français est arrivée progressivement en Nouvelle-Calédonie à partir des années 2000 : si les idiomes régionaux de l'Hexagone ont laissé une place de plus en plus grande au français de référence dès les années 1980, ce du fait de l'explosion de la communication –notamment audio-visuelle et électronique, il en a été de même une vingtaine d’années après en Nouvelle-Calédonie. On pourrait dire encore (si l'on voulait schématiser la description) qu'en France comme hors de France, plus le locuteur est issu d'une catégorie socioculturelle dominante (la culture occidentale européenne* des pays riches) plus le français qu'il parle est proche de la norme du français parisien cultivé en situation tenue70. Il semble en effet que les locuteurs les plus touchés par la standardisation du français sont les locuteurs des catégories socioculturelles élevées et qu'à l'inverse les locuteurs des catégories socioculturelles les plus basses sont ceux qui maintiennent le plus leur parler particulier. L'opposition "campagne/ ville" (dans l'Hexagone) ou l'opposition "brousse*/Nouméa" (pour la Nouvelle-Calédonie) est importante également : pour le locuteur calédonien*, si les deux traits "broussard*" et "pauvre" sont réunis, la combinaison fait que ce locuteur peut parler une forme de français calédonien* très caractérisée (de même pour le "rural pauvre" de France qui peut parler une forme de français régional très marquée). Lors de mes enquêtes de terrain en 2005, j'ai pu observer que déjà à cette époque l'usage d'un français calédonien* bien marqué phonétiquement (ce qu'on appelle couramment un fort "accent calédonien*") stigmatisait le locuteur qu'on reconnaissait immédiatement comme "venant de brousse*" ; ce n'était pas aussi saillant dans les années 199071. Les urbains de Nouméa ont également un vocabulaire de plus en plus standardisé, sont exposés à la norme exogène de plus en plus souvent. La presse locale s’est développée de manière spectaculaire à partir des années 2000, notamment la « presse-magazine » : j'ai été frappée, sur le terrain en 2005, par le fait que certaines productions de presse écrite étaient désormais rédigées par "copié-collé" à partir d'articles de presse française, ce qui a pour conséquence la parution locale de textes qui sont écrits dans une langue complètement exogène, venant de l'extérieur : par exemple telle recette de cuisine mentionne dans ses ingrédients "la coriandre" et la "noix de coco" (journal Conso +, 2005), alors que les ouvrages de recettes publiés localement parlent, comme on l'a toujours fait en Calédonie*, de persil* chinois (éventuellement de coriandre mais au masculin, comme le veut l’usage local) et de coco* (Moglia, 2004).

Malgré cette dynamique uniformisante, le bilan de l’analyse polylectale et sociolinguistique montre en revanche que les innovations lexicales sont toujours nombreuses : la dynamique particularisante est loin d'être éteinte, on peut voir en parcourant le présent inventaire dictionnairique72 en ligne des articles décrivant nombre de mots nouveaux, notamment présents dans le vocabulaire des jeunes Calédoniens* (dans la version 2005 : ceb'*, cebdemtal*, dem'*, choc*, à la mais'*, ...etc. ; dans la version 2022 : monf*, jine*, menti* !, …etc.) ou des moins jeunes (dans la version 2005 : le nakamal*, un sel*, ben* c'est ça aussi,...etc. ; dans la version 2022 : ouyaoué!*, un bulbul*, …etc.)73. Cela signifie qu'il y a toujours création de particularismes lexicaux en contexte calédonien*, cette création étant la partie la plus dynamique qui vient "moderniser" l'ensemble du vocabulaire déjà en place, vocabulaire souvent stable, comme on peut le voir dans l'inventaire, où pour une bonne partie des mots la mention "emploi stable" est présente dans la rubrique "Dynamique".

Voir également, infra  dans la « présentation du présent inventaire en ligne », le point : « Bilan de l’analyse polylectale et sociolinguistique ».







Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique74



L’Atlas de la Nouvelle-Calédonie (IRD, 2012), au chapitre « Les populations » consacre un sous-chapitre aux langues kanak* (op. cit. : 119-123). Mais les autres langues en usage en Nouvelle-Calédonie, pourtant nombreuses, ne font pas l’objet d’un autre sous-chapitre : faute de place, les coordinateurs ont dû, à regret, faire un choix entre les thèmes linguistiques à développer75  et il était, bien sûr, plus que légitime que ce choix revienne aux langues kanak* en tant que langues autochtones. Les « autres langues » sont néanmoins évoquées (op. cit. : 119), « liées à l’histoire de la colonisation (français, javanais, vietnamien, etc.) ou à des migrations récentes (tahitien, wallisien, futunien) ». Sont mentionnés également

[les] regroupements de population kanak* autour de la mission de Saint-Louis, près de Nouméa, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle [qui] sont à l’origine de l’émergence d’un créole à base lexicale française, le tayo. (IRD, 2012 : 119)

Quant au français calédonien*, forme prise par la langue française en Nouvelle-Calédonie, qui fait l’objet de notre propos ici, celui-ci n’est présent dans l'Atlas que par le lexique qui se trouve en fin d’ouvrage : certains régionalismes locaux utilisés dans les diverses planches de cet atlas (termes du domaine de la flore et de la faune, ou mots de la langue générale) ont dû, en effet, être définis pour que le lecteur extérieur ne soit pas gêné. Ces faits anecdotiques révèlent le peu de cas qui est souvent fait, dans un espace géographique francophone multilingue, des formes régionales du français par rapport aux langues autochtones ou aux faits de contacts linguistiques, même dans des ouvrages de haute qualité scientifique. Nous illustrerons infra cet état de fait : d’une part, nous montrerons succinctement la vitalité des recherches menées sur les langues kanak* de Nouvelle-Calédonie ou sur le créole tayo ; d’autre part, nous ferons un état des lieux des travaux, peu nombreux, portant sur le français calédonien* pour mettre en évidence l’absence criante de description dans certains domaines linguistiques.




Travaux en linguistique générale portant surtout sur les langues kanak* et le créole tayo*

Les travaux linguistiques portant sur la Nouvelle-Calédonie sont consacrés surtout à la description des langues kanak*, d’une part, du créole, d’autre part. Nous évoquerons rapidement ici ces travaux pour situer les études sur le français calédonien* par rapport à l’ensemble des travaux produits sur les langues en présence dans l’archipel calédonien*76.

La description des langues kanak* porte sur les domaines du lexique, de la syntaxe, de la morphologie, de la phonologie, de la sociolinguistique des langues en contact ou encore sur des domaines littéraires abordant la question de la tradition orale77. Ce sont principalement des linguistes francophones de l’Hexagone ou de Nouvelle-Calédonie (ou anglophones d’Australie et de Nouvelle-Zélande) qui publient sur les langues kanak*. Le bel Atlas de la Nouvelle-Calédonie (IRD 2012), dans la planche linguistique consacrée aux langues kanak*, donne les « orientations bibliographiques » suivantes :

Outre la dizaine d’ouvrages (dictionnaires et études grammaticales de plusieurs langues kanak*) publiés dans la collection « Langues et culture du Pacifique » des éditions Peeters, citons :
- Cerquiglini B. (dir.), 2003 -
Les langues de France, Paris, PUF : 347-435.
- Haudricourt A.-G., Ozanne-Rivierre F., 1982 -
Dictionnaire thématique des langues de la région de Hienghène (Nouvelle-Calédonie), Selaf-Peeters, Lacito-documents 4.
- Lynch J., Ross M., Crowley T., 2002 -
The Oceanic Languages, Curzon Press.
- Ross M., Pawley A., Osmond M., 1998, 2003, 2008, 2011 -
The lexicon of Proto Oceanic. The Culture and Environment of Ancestral Oceanic Society, Canberra, Pacific Linguistics […]. (IRD, 2012 : 122)

La description du créole de Nouvelle-Calédonie (le tayo*) porte sur les mêmes domaines que ceux cités supra pour les langues kanak* avec, en particulier, les publications multiples du linguiste néo-zélandais C. Corne sur le sujet dans les années 1990, celles du Journal of Pidgin and Creole Languages (Ohio State University), ainsi que les ouvrages de S. Ehrhart, spécialiste du tayo depuis presque trente ans (voir Pauleau 2016b).





Travaux en sociolinguistique variationnelle sur le français calédonien* : état de la recherche

Pour sa part, le français calédonien* est étudié depuis une époque récente et de façon beaucoup moins soutenue que ne le sont notamment les langues kanak*. En effet, l’isolement géographique de la Nouvelle-Calédonie par rapport à l’Occident a bien évidemment des répercussions sur la visibilité de la culture de ce pays et, si la culture kanak* a bénéficié de l’enthousiasme pour les langues et cultures « orientales », ce n’est pas le cas de la culture franco-calédonienne. Cette dernière est le produit d’un métissage entre « occident » et « orient » resté méconnu, tout comme sa littérature, sa langue et les travaux de recherche portant sur ces champs culturels.

Nous verrons que seul le domaine du lexique du français calédonien* fait véritablement l’objet de recherches, en outre quasi exclusivement de manière lexicographique. Quelques travaux ont certes été menés sur le plan phonétique ou sur des thèmes sociolinguistiques mais de manière ponctuelle et certains domaines, tels que celui de la syntaxe, sont encore quasi vierges. Précieux et salutaire, le numéro 203 de la revue Langages (Pauleau, 2016b) dit ce vide et tente de le compenser, le temps de ses 126 pages, en abordant la question du français calédonien* sous des angles divers (lexical, morphosyntaxique, sémantique, pragmatique, syntaxique, phonétique, notamment au travers des contributions de Bottineau, Thibault, Ledegen, Wissner).

Il s’agit dans les paragraphes qui suivent d’effectuer un état des lieux des travaux existants et de rendre compte de ces recherches pour ainsi décrire les étapes d’un travail méconnu effectué sur un des terrains les plus isolés de la francophonie, terrain ignoré de la plupart des linguistes.

Travaux sur le français calédonien* concernant le lexique

L’Observatoire du français dans le Pacifique

Les seuls travaux en sciences du langage menés sur ce terrain ont été, jusque dans les années 1990, ceux de chercheurs néo-zélandais. D’une grande qualité scientifique, ces recherches, menées principalement dans le domaine du lexique, ont été non seulement une source d’inspiration fondatrice mais aussi une indispensable base méthodologique et documentaire pour entreprendre les premières descriptions lexicographiques du français calédonien* (Pauleau, 1995a).

Les linguistes du département des Langues Romanes de l’Université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), associés à l’Institut National de la Langue Française (InaLF), publièrent une revue intitulée Observatoire du français dans le Pacifique : études et documents pendant plus de dix ans (CNRS-Inalf 1983-1996). K. J. Hollyman, son épouse, J. Glasgow, et C. Corne formaient une équipe de linguistes francisants, se rendant régulièrement dans l’archipel calédonien* voisin, observant pendant des décennies les usages oraux et écrits des locuteurs francophones de Nouvelle-Calédonie, cela dès les années 1950-1960. J. Glasgow soutint en 1968 une thèse sur le vocabulaire de l’élevage calédonien*, vocabulaire issu du lexique de l’élevage australien78. L’Observatoire publia des textes de description divers, notamment de description différentielle : des travaux divers de C. Corne, s’étendant au moins de 1989 à 1996, au précieux et vaste répertoire alphabétique lexical contenant les expressions jugées particulières par rapport à la norme de référence (il s’agit de la rubrique de l’Observatoire appelée « Datations et témoignages d’enquête »). Pour chaque lexie étaient notées une définition succincte, une attestation orale et/ou écrite datée (des années 1950 aux années 1990) accompagnée de précisions sur le locuteur, d’informations sur l’absence ou la présence de la lexie dans les dictionnaires de français « standard ». Ces chercheurs, adoptant un point de vue non prescriptif, qui sera celui de toutes les descriptions par la suite, ont construit de solides matériaux pour la recherche en lexicographique différentielle calédonienne*. De fait, ils ont également posé l’hypothèse, par la récolte de ces matériaux, de l’existence de diatopismes francophones sur le Territoire d’Outre-Mer français qu’était à cette époque la Nouvelle-Calédonie79.

La description lexicologique et lexicographique du français calédonien*

Sur la voie tracée par les linguistes néo-zélandais évoqués supra, le domaine lexical est celui qui a retenu quasiment toute l’attention des travaux portant sur le français calédonien* (p. ex. Pauleau, 1995, 1997, 2006, 2007). La première étape du travail a donné lieu à la publication d’un ouvrage lexicographique (Pauleau 1995a). Celui-ci se proposait de démontrer et de cerner l’existence du français calédonien*, sa vitalité, son extension, son usage, ses aspects sociolinguistiques, avec une approche polylectale80. L’observation, non prescriptive, de la diversité des usages (donc de la diversité « des français calédoniens* »81 ) a, selon ce principe polylectal, été effectuée selon les groupes sociaux, ethnolinguistiques, générationnels, culturels, présents dans l’archipel calédonien*. Des enquêtes de terrain ont été menées sur la base d’un échantillon représentatif de la population : une soixantaine de locuteurs répartis dans les divers groupes cités précédemment, à Nouméa, ville abritant des citadins, mais aussi des ruraux ou ex-ruraux, où cohabitent tous les groupes socioculturels. Observation directe et indirecte, entretiens directifs et non-directifs, enregistrements, prises de notes, questionnaires écrits et oraux, multiples corpus écrits (littérature, presse, écrits divers publiques ou privés) et oraux (oral publique des médias – radio, télévision –, oral privé de conversation) ; ces enquêtes ont été fondamentales pour tendre vers l’objectivité descriptive : d’une part, en observant les usages linguistiques d’un échantillon représentatif de locuteurs, observation facilitée matériellement par mon statut de locutrice native ; d’autre part, en exploitant ma propre compétence linguistique de locutrice, avec la conscience que cet avantage a des revers, nuisant justement à l’objectivité scientifique. La combinaison de deux sources (celle des questionnaires et corpus de terrain d’une part et celle de la compétence linguistique de chercheuse-locutrice d’autre part) a permis de rédiger le premier inventaire lexicographique du français calédonien*. Il s’agit plus précisément de deux objets : (i) des articles lexicographiques, soit 500 pages environ réduites pour publication à 144 pages (Pauleau 1995a), et (ii) d’une analyse lexicologique de 500 pages environ, dont certains éléments ont donné lieu à publication (Pauleau 1995b).

Les principes méthodologiques et théoriques des analyses ainsi évoquées sont les mêmes pour le présent travail lexicographique en ligne : ce sont ceux de la recherche descriptive différentielle, fondant l’observation d’un corpus de « particularismes » par différence avec un corpus de référence. Il s’agit de décrire ce qui diverge entre les particularismes du corpus à étudier (formes lexicales particulières du point de vue au moins diatopique) et les formes du français répertoriées par le corpus de référence : les dictionnaires tels que le Petit Robert et le Grand Robert ou encore le Trésor de la Langue Française (TLF) – ce dernier rassemblant plus largement un « corpus d’emploi » –, un français global ou tendant vers le global, i.e. un large ensemble d’usages hexagonaux et extra-hexagonaux parmi lesquels se trouve le français dit de référence. D’autres ouvrages, spécifiquement consacrés à la description de lexiques non standards comme le Dictionnaire du français parlé (Bernet & Rézeau 1989 puis 2008)  font également partie des outils d’observation, permettant ainsi de confronter le lexique calédonien* non seulement à la norme de référence exogène mais aussi à d’autres lexiques non standards. Confronter un corpus de lexique polylectal calédonien* à un corpus de lexique polylectal général, français de référence et autres formes de français, tel est l’objectif méthodologique, une évidence peut-être, mais que nous énonçons ici par souci de clarté. Chaque lexie retenue est décrite dans le détail de rubriques multiples (voir infra : « Structure de l’inventaire lexicographique »).

Du point de vue théorique, la vision globale de la francophonie adoptée par ces travaux serait proche de celle présentée par R. Chaudenson (voir Chaudenson 2000, entre autres), du fait de la prise en compte de chaque lieu de la francophonie en tant que situation du français dans la francophonie et de la distinction, pour chaque situation, de deux types d’éléments : le status (institutions, fonctions, représentations) et le corpus (productions et compétences), selon les facteurs géopolitiques, historiques, sociolinguistiques.

En 2005, de nouvelles enquêtes de terrain (récolte de nouveaux corpus et distribution de nouveaux questionnaires à un nouvel échantillon représentatif), menées quinze ans après celles menées en 1990, ont permis de publier une version revue et augmentée de la description lexicographique initiale évoquée supra (Pauleau, 1995a). Le nouvel inventaire lexicographique (Pauleau, 2007) présente non seulement une nomenclature plus importante mais aussi des précisions concernant l’usage des lexies : notamment une rubrique « Dynamique » a été insérée dans les articles, dans laquelle est mentionnée l’évolution des emplois, en synchronie dynamique. Certains items passent en effet en quinze ans de vieillis à obsolètes par exemple82, d’autres apparaissent comme nouveaux, présentés comme tels par les jeunes lycéens enquêtés, et étaient effectivement absents de la récolte précédente83.

Récemment, en 2019 puis en 2022, de nouvelles récoltes de données ont encore été effectuées, sur le terrain (physiquement et à distance par le biais d’Internet). Ces récoltes ont nourri le présent inventaire lexicographique en ligne, qui est une version revue, augmentée, actualisée des précédentes versions : de nouvelles entrées84, de nouvelles observations à propos de la dynamique des usages en synchronie85, une nouvelle actualisation des illustrations (exemples d’énoncés extraits de corpus) - les illustrations des première et deuxième descriptions (1990 et 2005) ont été complétées par des illustrations plus récentes … Ainsi l’observatoire du géolecte calédonien* est tenu à jour. A ce sujet, voir infra la partie « Présentation du présent inventaire lexicographique en ligne », point « Objectifs et type d’approche » et suivants.

Une base de données lexicographiques en accès libre : la BDLP-Nouvelle-Calédonie

En parallèle du travail lexicographique, évoqué au point précédent, une base de données lexicographiques a été conçue et alimentée entre 2005 et 2012 au sein de la Base de Données Lexicographiques Panfrancophone (www.bdlp.org) qui existe depuis 1999 au sein du Trésor de la Langue Française au Québec86. Cette base de données se fonde sur des principes théoriques et méthodologiques tels que la primauté du travail de terrain, la non-hiérarchisation des faits à décrire, le principe de description différentielle par rapport à un français de référence exogène (dans le sens de « corpus de référence », voir supra), l’objectif étant de témoigner du patrimoine linguistico-culturel humain ou encore de dresser le portrait d’un « français universel » (Poirier, 2005).

La source première d’alimentation de la BDLP Nouvelle-Calédonie est constituée par les ouvrages publiés sur le sujet (Pauleau 1995a, 2007). Toutefois, d’autres observations de terrain plus récentes et d’autres attestations d’occurrences postérieures à 2007 (en grande majorité non publiées à l’époque) sont souvent exploitées pour nourrir les rubriques de ce site. De nouvelles entrées ont également été ajoutées à la nomenclature87.  Cette base de données devait initialement être pour la Nouvelle-Calédonie le support désormais unique de la publication des descriptions lexicographiques ainsi que l’état le plus actualisé de la description. Mais malheureusement, d’une part ce travail d’alimentation de la base est terriblement chronophage, les formats scientifiques et techniques n’étant pas les mêmes pour les descriptions papier et pour les descriptions de la base électronique : il s’agit d’un travail véritablement lexicologique et lexicographique et non pas, comme on pourrait le croire, d’une simple saisie des données. Ainsi ne compte-t-on à ce jour que 805 fiches dans la base calédonienne*, l’alimentation de la base, travail de fourmi, ayant avancé très lentement entre 2005 et 2012. D’autre part, après 2012 et jusqu’à ce jour, le travail d’alimentation n’a pu continuer pour aucune des bases, en raison de l’absence de direction scientifique après le départ en retraite du professeur C. Poirier, autrefois directeur de la BDLP. Le présent site en ligne prend le relai pour la Nouvelle-Calédonie, et constitue donc désormais le support de publication de notre observatoire lexicographique du français calédonien*.


Travaux sur le français calédonien* concernant le plan phonétique et d’autres domaines de la linguistique

Voir Pauleau, 2016b : 28-32, ici : https://www.cairn.info/revue-langages-2016-3-page-21.htm



Conclusion

Si l’on regarde l’ensemble des travaux évoqués ci-dessus, des étapes initiales néo-zélandaises fondatrices de toute la dynamique d’investigation sur le terrain francophone calédonien* à partir des années 1970, aux recherches ultérieures et actuelles menées dans des universités françaises, les travaux sont en réalité peu nombreux et portent sur des domaines restreints. Celui du lexique est très fortement majoritaire, surtout par la description lexicographique sous forme d’inventaires différentiels, l’aspect phonétique étant également quelque peu observé, notamment par une enquête du programme Phonologie du Français Contemporain88. Les publications sur le français calédonien* qui portent au public les recherches ainsi évoquées sont majoritairement locales, pour des raisons tant matérielles (les éditeurs de Nouméa étant en demande d’ouvrages de ce type) que politiques et culturelles : il était important, pour participer à la construction identitaire de ce pays en plein processus d’autodétermination89 de publier localement ces ouvrages.

L’ensemble de ces travaux de recherche, ainsi évoqué dans cet état de l’art, d’une part valide et confirme l’hypothèse de l’existence et de la densité du français calédonien*; d’autre part permet de mesurer l’ampleur du travail qui reste à faire pour explorer ce géolecte du français90, que nous abordons dans le présent travail d’inventaire dictionnairique sous l’angle exclusif de la lexicographie différentielle.











Présentation du présent inventaire lexicographique en ligne







Objectifs et type d’approche



Comme évoqué supra, mes récentes récoltes de terrain (2019 puis 2022) constituent une étape supplémentaire dans le travail sans fin d’observatoire du géolecte calédonien* en synchronie dynamique91. Ce travail, commencé en 1990 (premières enquêtes et premier inventaire publié : Pauleau, 1995) avait été actualisé en 2005 (deuxième récolte et deuxième inventaire : Pauleau, 2007). La présente version de l’inventaire lexicographique est donc le fruit des dernières récoltes de terrain, constituant ainsi une actualisation récente des descriptions lexicales, notamment une actualisation des illustrations : les énoncés récoltés sur le terrain sont donnés comme exemples illustrant l’usage actuel, entre 2010 et 2020, et complètent ainsi ceux de la première et deuxième périodes de description -1990 et 2005. En outre et surtout, ce travail rassemble, revoit, augmente, actualise l’ensemble des descriptions déjà effectuées depuis les années 1990, l’ensemble des articles lexicographiques élaborés pour les précédents inventaires. Cela comprend les données accumulées dans la BDLP92, à laquelle on renvoie sous forme de liens à la fin de certains articles. Cette vue d’ensemble a en conséquence permis, pour la plupart des items répertoriés depuis 30 ans, de faire le bilan de leur propre dynamique (ce bilan apparaît dans la rubrique « Dynamique » de la plupart des articles).

Sont précisées infra systématiquement les types d’innovations de contenu par rapport au précédent inventaire dictionnairique du français calédonien* (Pauleau, 2007) :

  • De nouvelles entrées

. De nouveaux particularismes récoltés en 2022 : certaines de ces lexies ont été récoltées dans la tranche d’âge jeune (par exemple, monf*), d’autres sont des termes apparus du fait des realia (par exemple, bulbul*) - Voir la partie « Le français calédonien* : un géolecte du français », point « Dynamique sociolinguistique actuelle ».

. De nouvelles entrées constituées par les expressions jusqu’ici non encore répertoriées, la nature non exhaustive de tout travail lexicographique impliquant forcément des formes lexicales restées en dehors des mailles du filet à chaque édition (sans jeu de mots, c’est le cas de la carangue* amoureuse -poisson ; ou encore du bois* de lait -arbre).

  • Des articles modifiés en fonction de la dynamique lexicale

Certains mots répertoriés dans les années 1990 étaient déjà devenus obsolètes en 2005 (les baraques*), ou vieillis (une bayou* s’employait déjà moins chez les jeunes), ou vieillissants (commençaient à être beaucoup moins employés –un bobo*)… Ces mots ont continué leur chemin et ont davantage vieilli depuis. D’autres sont devenus plus courants qu’ils ne l’étaient (des mots de la flore par exemple, comme la cordyline*, ou de la faune, comme la loche* rouge du large ; des mots familiers comme tal* -expression jeune en 2005, qui s’est étendue depuis aux autres classes d’âge).

Cette dynamique lexicale est liée à des changements divers, soit au niveau des realia93 (les baraques* de fête foraine n’existent plus, le mot non plus ; l’oiseau appelé bulbul* est devenu de plus en plus invasif et donc on en parle davantage et le mot entre dans l’usage ordinaire), soit au niveau proprement linguistique (l’apparition de choc* dans l’usage des jeunes -récolté en 2005- semble relever exclusivement du niveau du signifiant, tout comme celle de monf*, récolté en 2022).

Autre exemple de changement d’usage saillant, entraînant une modification des articles du dictionnaire : le terme d’adresse mon* frère devenu nettement plus fréquent que frère* (alors que l’usage de ces deux termes est inverse en contexte hexagonal).

Certains de ces changements linguistiques se situent à la fois sur le plan formel et sur le plan social des représentations, comme la fréquence de plus en plus importante de la graphie en « k » pour le mot « kanak* » par exemple, qui a généré de nombreuses modifications dans les articles. En effet, même si dans notre inventaire précédent (Pauleau, 2007) l’entrée CANAQUE* renvoyait déjà à KANAK* car cette dernière graphie était déjà en train de devenir la norme graphique pour ce mot, les composés comme POMME* KANAK* n’étaient pas encore entrés dans l’usage (la forme POMME* CANAQUE* restait encore largement majoritaire). Il a fallu, pour la version 2022 du dictionnaire, épurer l’article POMME* CANAQUE* et renvoyer à POMME* KANAK*, devenu beaucoup plus fréquent désormais. Cela a été le cas de nombre de composés contenant l’adj. kanak*. … Avec des exceptions parfois curieuses, comme le roseau* canaque*, dont l’orthographe en « c » persiste ! Bien sûr l’article KANAK* -et notamment la rubrique « Norme » de cet article, a été entièrement revu, corrigé, augmenté. Voir cet article KANAK* pour des précisions concernant ces graphies chargées de connotations sociales (notamment la graphie en « c » associée à un esprit de domination post-coloniale).

Lié au même type de changement social, une graphie comme ukulélé* est devenue plus fréquente et normée94 que youkoulélé* (graphie « à la française ») et les articles ont donc été modifiés en ce sens, l’entrée principale étant désormais UKULELE*. Idem pour WIWA* devenu l’entrée principale alors que OUI-OUA* est répertorié désormais comme variante de WIWA*. …etc.

Certaines modifications peuvent aussi être dues aux aléas des récoltes de terrain (ce n’est là qu’une hypothèse) : par exemple, tout comme certaines lexies ont pu être attestées à l’écrit en 2005 alors qu’elles n’avaient que des attestations orales auparavant (par exemple boucaner*), certaines sont dans le même cas en 2022, par exemple l’exclamation familière emblématique ben c’est* ça aussi. L’article a donc été modifié, la mention « attesté uniquement à l’oral » supprimée. Une autre hypothèse à propos de cas comme celui-ci est que les productions écrites « relâchées » sont aujourd’hui beaucoup plus fréquentes du fait de l’augmentation de la pratique de l’écrit électronique (notamment sur les réseaux sociaux). Cela permet au linguiste une récolte plus facile d’attestations écrites de registre familier comme ben c’est* ça aussi…

En outre, de nombreux particularismes récoltés lors de mes enquêtes précédentes ont toujours le même usage : ils sont mentionnés par la marque "emploi stable" (astiquer*, cornes* molles, chien* bleu…), cette marque vaut aussi a fortiori pour les lexies stables depuis beaucoup plus longtemps (par exemple poca*, cagou*, creek*, gaïac*, roussette*, herbe* à piquants, coleus*, dawa*…etc.) qui sont en usage depuis au moins la fin du XIXe siècle95 et constituent ainsi le noyau dur du lexique.

Précisons ici que l’approche dynamique adoptée ne concerne que les changements dans une synchronie dynamique, c’est-à-dire les changements d’usage récents : hormis quelques détails sur certaines lexies comme ceux qui viennent d’être mentionnés ci-dessus96, il n’est pas question ici de faire une quelconque description diachronique de l’évolution des mots dans leur globalité, cela serait l’objet d’un autre travail (qui pourrait notamment être consacré au dépouillement systématique de textes anciens et à la datation étymologique des mots). Pour l’heure, la visée est synchronique avant tout.

Il faut noter enfin que du point de vue méthodologique, la description de la dynamique peut être très délicate : il est parfois difficile de faire la part des choses entre le corpus réel (les pratiques réelles) et les échantillons de corpus récoltés pour la recherche, entre les aléas des récoltes de données et la véritable dynamique des "mots". Par exemple, le mot cordyline* (nom de plante) avait dans l’ouvrage de 1995 la marque "rare, savant" car il n’avait été trouvé que dans des publications botaniques ou ethnologiques. Puis au cours de l’enquête de 2005, ce mot a été repéré dans de nombreux corpus de littérature dont les fictions se déroulaient en milieu kanak*. La marque d’usage est donc devenue dans la version 2005 du dictionnaire : "Cour . Ethnolectal (moins cour. chez les non Kanak*) ou spéc.". La question qui se pose est de savoir si l’usage de ce mot a réellement changé ou si l’échantillon de corpus récolté en 2005 comportait "par hasard" des textes littéraires faisant usage de ce mot (il semble désormais, selon l’enquête de 2022, que le mot cordyline* soit effectivement passé dans l’usage ordinaire) : une chose est certaine, la littérature locale s’est spectaculairement enrichie de nouveau auteurs depuis les années 1990 et cela permet au lexique local de vivre au travers de nouveaux textes (peut-être que cordyline* serait resté d’un usage spécialisé –ou restreint aux auteurs littéraires "anciens" tels que Baudoux ou Mariotti- sans ces nouveaux auteurs –Tcherko, Calandra, Kurtovitch, Gorodé, Gope,97 …- qui puisent dans le lexique local les mots de leurs récits).


Pour résumer : L’objectif général de la recherche est donc la description, sur le plan lexical-lexicographique, d’un corpus de données (orales et écrites) du français calédonien*, ceci d’un point de vue non normatif, différentiel par rapport au français dit de référence (norme exogène du français).

L’objet d’analyse est envisagé de l’intralinguistique au sociolinguistique : la description, dans les articles lexicographiques, du détail des lexies permet de mettre à jour la substance sociolinguistique manifestée par ces lexies. L’approche du lexique peut être qualifiée de "polylectale" : l’observation prend en compte non seulement les particularités du lexique par rapport au français de France, mais également les multiples usages du vocabulaire calédonien*98, des usages les plus soutenus (le lexique spécialisé par exemple, dans les différents domaines que sont notamment la sociologie du monde kanak* –un clan*, une chefferie*...etc., l’administration –une province*, un district*…, la flore –un araucaria*…, la faune –un acanthaster*…, …etc. ) aux usages les plus triviaux (lexique familier –l’engin*!, lexique vulgaire, mots frappés de tabous –l’enculé*!...etc.) ; et des usages les plus courants localement (net*!...) aux usages rares (un baliste à brides* -poisson, …), en passant par les usages ethnolectaux (mots employés spécifiquement par tel groupe plus que par les autres : un protège* –ethnolecte kanak*, par exemple…).. Cette approche polylectale met donc à jour les propriétés sociolinguistiques du français calédonien*, le fonctionnement de ses divers registres (spécialisé, familier, populaire, …etc.), ainsi que son usage dans les différents groupes ethno-linguistiques.



Données de base



Le corpus de données a été récolté dans l’archipel ainsi qu’à distance par internet.

Les enquêtes menées en 2005 avaient été constituées d’entretiens et de questionnaires99, selon le principe polylectal, c'est à dire dans des milieux ethno-linguistiques, socio-économiques différents et dans diverses tranches d'âge ; ainsi que par enregistrements ou prises de note en immersion sur le terrain, dans des milieux divers également. Cette dernière méthodologie est celle qui a primé dans mes récoltes en 2019 et 2022, ce à quoi il faut ajouter la récolte de données sur Internet.

Le corpus est donc composé de documents écrits et oraux, il est représentatif des différents usages de la langue par sa composition : ouvrages littéraires –y compris littérature pour enfants, manuels scolaires, presse (quotidiens et magazines), bandes-dessinées, textes parodiques des comiques locaux (pour tous ces corpus, voir en bibliographie les références en gras) ; textes écrits à supports divers (affiches publicitaires, menus de restaurants, affichage au marché, inscriptions murales, écrits électroniques -des réseaux sociaux ou des sites internet, étiquetage des musées ou des parcours de tourisme culturel, …) ; productions orales diverses (conversations spontanées, vidéos en ligne, émissions de radio ou de télévision, …), ...etc.

Le "corpus de référence" (utilisé systémati­quement pour sélectionner les particularismes, voir infra) est constitué d’un ensemble d’usuels : reflets de la norme exogène (du français de référence) comme Le Petit Robert, d’une part ; et d’autre part, plus largement, reflets d’un français "hexagonal" (comprenant les divers usages linguistiques de France hexagonale, y compris certains usages relevant des registres non conformes à la norme)  comme le Trésor de la Langue Française.100 Voir les précisions données à ce sujet dans la partie « Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique », au point « La description lexicologique et lexicographique du français calédonien* ».

Ce "corpus d’exclusion" permet, lorsqu’une lexie est repérée dans le corpus d’étude comme un calédonianisme éventuel, de confirmer l’hypothèse (si la lexie n’est mentionnée dans aucun ouvrage "de référence" et qu’elle n’a pas non plus été observée empiriquement101) ou de l’infirmer (si la lexie est répertoriée par l’un ou l’autre des ouvrages). Ce même corpus peut aussi être considéré comme corpus "de confrontation", dans le sens où il permet de confronter des termes calédoniens* et hexagonaux de registres équivalents (l’expression calédonienne* c’est choc* équivaut par exemple à l’exclamation de français des cités "c’est sale" en 2022) : ce corpus de confrontation est effectivement la source dont sont issues les expressions citées dans la rubrique "Equivalents hexagonaux" (expressions ayant le même sens, ou presque, que celui de la vedette et relevant d’un registre de langue équivalent). Voir "Structure de l’inventaire" : "Plan et contenu des articles".

La nécessité méthodologique d’un "corpus de référence" –de langue « standard »- ne faisant aucun doute, le choix a été fait, comme on le voit, d’élargir ce corpus "standard" à un corpus "non standard hexagonal" pour que ce dernier ("corpus d’exclusion") soit adapté à l’approche polylectale adoptée pour ce travail. Ainsi le vocabulaire polylectal calédonien* est confronté, de façon équilibrée, à un vocabulaire polylectal de l’Hexagone.



Bilan de l’analyse polylectale et sociolinguistique



L’analyse montre que parmi les divers registres distingués au sein du français calédonien*, le registre le plus fertile en variation est le registre familier (ce qui n’est bien sûr pas une spécificité calédonienne*). Le registre "vulgaire", pour sa part, se caractérise par sa richesse et sa banalisation : des "gros mots" fréquents, mots dont le sens ou l’étymon est frappé de tabou, mais qui sont souvent banalisés dans le registre relâché, c’est-à-dire mieux tolérés qu’ils ne le seraient en contexte hexagonal (il est à noter que cette banalisation du registre vulgaire s’observe également dans d’autres régions de la francophonie y compris hexagonale102 ou dans les sociolectes populaires). En Nouvelle-Calédonie, les « gros mots » non seulement sont nombreux mais sont emblématiques de l’identité linguistique calédonienne* : voir à ce propos l’article l’enculé*! dans le présent inventaire lexicographique en ligne 103. Le registre vulgaire calédonien* se caractérise aussi par son origine, qui serait liée, certes à l’extraction populaire d’une grande partie du peuplement immigré, mais aussi à la présence, au XIXe siècle, de la colonie pénitentiaire : les bagnards (droits communs pour beaucoup) contraints de rester dans le pays104 après avoir purgé leur peine, auraient fait passer dans le lexique local les termes de la langue verte105. Sur le terrain calédonien* cette variation diastratique est importante. En effet, parmi les sociolectes du français calédonien*, le français populaire est le plus marqué par les différences par rapport à la norme de référence. Cela correspond au cas général certes mais, en revanche, le français populaire calédonien*, contrairement au cas général, a un usage étendu aux divers groupes socio-économiques, les populations riches usant souvent d’un français populaire parfois proche de celui des populations pauvres106 107. L’usage du français populaire calédonien* manifeste ainsi davantage une culture (populaire) qu’une classe socio-économique (défavorisée).

Les éléments de variation qui viennent d’être évoqués ne doivent pas faire oublier que le français calédonien* se standardise de plus en plus (comme la plupart des variétés de langue, surtout dans les pays développés ou en voie de développement)108. Mais …la norme locale est toujours en vigueur, cette norme endogène fonctionne aux côtés de la norme exogène explicite du français de référence employé par les médias, et dans les situations à haut degré de formalité. La norme locale, considérée en outre comme dévalorisante et marginalisante par rapport au modèle métropolitain du "bon usage", est également souvent refoulée. En revanche, en situation de sécurité linguistique, de connivence entre natifs, elle est mise en avant comme marque de reconnaissance, ceci quelle que soit l'appartenance ethno-linguistique des locuteurs109. Les modèles implicites représentatifs de cette norme locale peuvent être des formes littéraires (par exemple les publications de Déwé Gorodé), des formes orales (notamment les humoristes locaux), des formes journalistiques comme les productions du journal satirique Le Chien bleu, des formes paralittéraires comme les bandes dessinées : je pense à celles, nées dans les années 1980, de Bernard Berger, qui, quasi-seul sur le terrain à l’époque, a été relayé depuis par de nombreux dessinateurs et auteurs tels que Niko et Solo, Gielbé, Teg, Seb, Nonobody, Jar, Arno, Fly …etc. Le public (dans la plupart des groupes) aimait les albums de Bernard Berger pour leur humour jouant de l'authenticité linguistique ; aujourd’hui les Calédoniens* (mais un public plus jeune peut-être ?) apprécient aussi les nouveaux auteurs de bandes dessinées, qui fondent peut-être moins leur style sur la connivence linguistique, mais qui en jouent tout de même, pour contribuer à donner un aspect "local" à leurs albums. Par contre, dans le domaine strictement littéraire, on peut dire que la littérature calédonienne* d'aujourd'hui ne fonctionne toujours pas assez comme expression identitaire, bien que certains auteurs aient véritablement transformé le paysage littéraire local, tels Claudine Jacques, Frédéric Ohlen, Nicolas Kurtovitch, Louna Tcherko, Nicole Calandra, Déwé Gorodé, Paul Wamo, Pierre Gope, Denis Pourawa, Olivia Duchesne, Sylvain Derne,…etc., Ces auteurs contemporains manquaient cruellement hier et écrivent des textes dont le fond et la forme sont marqués par l'environnement local et la culture calédonienne*, certains étant destinés aux jeunes publics –je pense aux romans de Nicole Calandra ou Louna Tcherko par exemple, ce qui a une grande importance pour la transmission du lexique endogène aux jeune générations.

Il faut souligner pour finir que les modèles communs aux différents groupes, évoqués plus haut, tels que les bandes dessinées ou les humoristes locaux, illustrent l'existence, confirmée par les enquêtes de terrain, d'un fonds lexical commun aux différents groupes ethno-linguistiques : l'analyse polylectale montre en effet que l'essentiel du vocabulaire est d'un usage commun à l'ensemble des locuteurs et que les ethnolectes d'un usage intra-groupal exclusif sont rares.

C'est tout particulièrement ce rôle de véhiculaire inter-communautaire qui donne son importance au français calédonien*. En Nouvelle-Calédonie, terre d'immigration, dans cet archipel francophone du bout du monde où rassemblant des Européens* et toute les ethnies océaniennes, les locuteurs font usage d'un français commun, produit de la coexistence des différents groupes ethno-linguistiques, et des particu­larités historiques, culturelles, géographiques de cet archipel.



Bilan de l’analyse lexicographique



Sur le plan lexicographique, deux types d'usages se distinguent : d'une part un lexique général courant, langue du quotidien, des conversations, d'autre part un lexique étroitement lié aux realia, lexique dont la vocation est précisément de nommer les éléments de l'environnement, tels que végétaux et animaux (articles en petits caractères dans le présent dictionnaire en ligne). Ce lexique de la flore et de la faune comporte, davantage que le lexique courant, certaines analogies, minoritaires mais réelles, avec des vocabulaires francophones en usage dans d'autres régions du monde aux realia similaires. En effet la population parcourant les pays chauds (fonctionnaires, militaires...) transporte le lexique d'un lieu à l'autre : le cram-cram*, du wolof "xam-xam", est la même graminée en Nouvelle-Calédonie et en Afrique noire ; le perroquet* est un poisson appelé ainsi en raison de ses couleurs, dans le Pacifique comme en Afrique ; faille* est un adjectif en usage dans l'Océan indien comme en Nouvelle-Calédonie ; zoreille* est courant en français réunionnais comme en français calédonien* ....etc. A terme, la confrontation avec d'autres inventaires concernant d'autres espaces francophones (en particulier ceux des autres régions du Pacifique -Tahiti, Vanuatu etc.- puis ceux de l'océan indien et de l'Afrique, et aussi ceux des régions hexagonales), pourrait donc être fructueuse et permettre de dégager non seulement des points communs et différences entre ces divers et multiples contextes mais de dégager également le fonds lexical du "français océanien" puis celui d'un "français du Sud" ou "français des pays chauds", dispersé sur toute la surface du globe... Partiellement, cette confrontation intergéolectale est réalisée par la Base de Données Lexicographiques Panfrancophone (BDLP) : voir, dans la partie « Le terrain calédonien*, travaux de recherche en linguistique », le point « Une base de données lexicographiques… », qui évoque les 800 fiches de calédonianismes de la BDLP-Nouvelle-Calédonie. La BDLP permettant une recherche d’item sur toutes ses bases en même temps, une forme lexicale peut donc être confrontée facilement à la même forme lexicale en usage dans d’autres espaces géographiques (avec la possibilité que cette forme lexicale ait un usage différent, voire un sens différent dans un autre lieu).



Structure de l’inventaire lexicographique



Classement et choix des entrées


Les entrées sont c de l'inventaire sont classées par ordre alphabétique, celui-ci ignorant les signes diacritiques, majuscules et apostrophes, sauf cas particuliers (par exemple sont réunis en tête de la lettre A toutes les entrées commençant par « à », rassemblées sous la catégorie d’entrées «À»). D’une manière générale, les entrées se font dans l'ordre syntagmatique naturel du discours, cet ordre ne prenant pas en compte les éléments grammaticaux tels que déterminant ou négation, qui sont retranchés immédiatement à droite de l'entrée, entre parenthèses : le verbe négatif ne pas étaler est par exemple entré à "étaler (ne pas)", la lexie la Chaîne à "CHAINE (LA)".

Locutions et éléments de phraséologie sont lexicalisés formellement pour des raisons de commodité110. Ceux-ci apparaissent donc, comme les autres entrées, dans l'ordre linéaire du discours, dans la mesure où celui-ci peut être suivi : lorsqu'une partie de la séquence seulement constitue le particularisme, c'est au premier mot de cette partie de séquence qu'apparaît l'entrée -l'expression C'est pas un gosse! est entrée à gosse, sous la forme suivante : "GOSSE : C'EST PAS UN GOSSE".

Il arrive également que l'unité lexicale à traiter comprenne un élément syntaxique variable. C'est par exemple le cas des éléments de phraséologie constitués par une "structure de phrase complexe", sont entrés en indiquant la phrase enchâssée par le mot "phrase" précédé du lien d’enchâssement : "C'est bon si + phrase".111


Renvois


Deux types de renvois sont utilisés dans l'inventaire : Le renvoi explicite à une autre entrée par la mention "V." ("voir") et le renvoi implicite par l’astérisque ("*", placé derrière chaque lexie constituant une entrée de l’inventaire).

Le premier est utilisé lorsque les informations concernant la lexie traitée sont données dans un autre article. Le renvoi peut concerner une rubrique particulière seulement mais, plus souvent, c'est l'article entier auquel le lecteur est renvoyé. Pour certaines lexies, je renvoie immédiatement à une autre entrée en ne donnant aucune autre information, par exemple dans le cas de certaines variantes (remarque : pour les variantes orthographiques, je renvoie à la graphie la plus courante). Pour d'autres, je renvoie à une autre entrée en donnant seulement quelques précisions spécifiques au terme traité (le plus souvent la catégorie grammaticale, l'usage...) : c’est le cas pour certaines variantes et pour les synonymes (on renvoie en général à l’entrée la plus courante). Toutes les rubriques de l’entrée cible valent alors pour les entrées sources, y compris les illustrations, où l’on pourrait les substituer les unes aux autres. Si toutefois le corpus fournit une illustration pour un mot source, celle-ci est rapportée dans l’article source.

Le second type de renvoi se fait de manière implicite par l'astérisque "*", placée derrière chaque lexie-entrée contenue dans l’inventaire. Le même symbole (l'astérisque) renvoie : soit aux entrées de langue courante (correspondant au tome 1 de Pauleau, 2007, et aux articles en caractères ordinaires dans le présent inventaire en ligne) ; soit aux entrées relevant du lexique de la flore et de la faune (tome 2 de Pauleau, 2007, et dans le présent inventaire en ligne : articles en petits caractères noirs et articles en petits caractères gris -ces derniers étant des termes dont l’usage est rare).

Dans le cas des compositions sans traits d'union ou des locutions, l'astérisque est placée derrière le terme où est entrée la lexie: par exemple, "arbre à pain" étant traité à la lettre A, l’astérisque est placée après "arbre" : "arbre* à pain".


Articles


Plan et contenu des articles

Les différentes rubriques des articles se présentent selon l’ordre indiqué ci-après (les rubriques entre parenthèses étant facultatives) sauf si certaines rubriques sont communes à plusieurs acceptions, auquel cas, afin de ne pas être répétées plusieurs fois pour chaque acception, ces rubriques communes sont regroupées en tête d’article (s'il s'agit de rubriques de tête) ou en fin d'article (dernières rubriques), et signalées comme communes par un saut de ligne :

ENTRÉE : (Attesté uniquement à l’oral) catégorie(s) grammaticale(s). Marque(s) d’usage112. (Domaine – si l’usage est spécialisé). (Identification scientifique pour les termes de la flore ou de la faune). Définition(s). (Connotation(s)). (Encycl. : rubrique encyclopédique). (Illustration(s) Référence de l’illustration, sauf si celle-ci a été forgée - cas rares113. (Équivalent hexagonal114). (Syn.) (Ant.) (Variante(s)). (Locution(s)). (Dérivé(s)). (Composé(s)). (Collocation(s) fréquente(s)). (Norme115). (Dynamique116). (Renvoi BDLP).
(
LOCUTION ou COLLOCATION : nouvel article)
(
COMPOSÉ : nouvel article)
(
ENTRÉE 2 : nouvel article, l’entrée initiale est alors numérotée ENTRÉE 1)


Voir également, infra, le « Contenu des rubriques ».


Traitement des lexies polysémiques

Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :

- Soit plusieurs signifiés, considérés en cet état de la recherche comme n’ayant aucun lien de sens, du moins synchroniquement, sont exprimés par le même signifiant, auquel cas il s'agit d'unités nécessitant des descriptions différentes, et faisant donc l'objet d'articles séparés, aux entrées homonymes distinguées par une numérotation: par exemple, "CAILLOU 1", "personne particulièrement bien proportionnée" et "CAILLOU 2", "rien", équivalent de "peau de balle".

- Soit les différents sens sont reliés, de plus ou moins près, au même concept, qui a subi un ou plusieurs changements sémantiques, par diverses opérations dont les plus courantes sont nommées dans l'article, comme le passage d'un sens "propre" à un sens "figuré", d'un sens premier à un sens plus étendu ("par extension") ou, à l'inverse, à un sens spécial ("spécialement") …etc. Dans ce cas l'unité est décrite par plusieurs sous-sens, dans un même article: par exemple, CAILLASSER peut signifier "jeter des pierres" (acception I) ou "être intense, fort" (acception II) ou encore "battre, frapper" (acception III) etc. Les différentes acceptions et sous-acceptions du mot sont numérotées I. 1.2.…., II. 1.2.3.….III. 1. 2…., etc. et suivent alors un ordre logique : du général au particulier, du plus courant au moins courant, de la plus ancienne à la plus récente etc., selon le cas d'espèce.

- Soit les différents signifiés ne sont que des nuances d'un même sens, auquel cas ils sont indiqués dans une même et unique définition. Il peut s'agir d'un emploi "spécial" si proche du sens premier, qu'il est considéré comme y étant attaché: HERBE A BENGALIS désigne par exemple diverses herbes très communes et spécialement Brachiaria reptans L., petite herbe rampante.


Articles traitant des expressions telles que locutions, collocations, et composés

Lorsqu’une locution, une collocation, ou un composé fait l’objet d’un article117, celui-ci est alors placé à la suite de l’article traitant de la lexie sur la base de laquelle les expressions sont construites. Soit cette lexie de base est un calédonianisme (par exemple : l’article traitant du calédonianisme claquer est suivi de l’article traitant de la collocation ça claque!). Soit la lexie sur laquelle l’expression est construite, seule, n’est pas spécifiquement calédonienne* : dans ce cas, la vedette est un mot du français de référence qui ne devient particularisme calédonien* qu’accompagné des autres "mots" formant la locution, la collocation ou le composé. Par exemple : DIRE est une vedette avec la mention "mot du français de référence entrant dans la composition d’expressions, les expressions (traitées en vedette à la suite) étant : dis bien, dis pas , dis pas fort, etc. Idem pour les termes relevant de la flore et de la faune : BANANE, "mot du français de référence…." suivi de BANANE A GRAINES …etc.


Contenu des rubriques


-Entrée-vedette 

Elle apparaît en majuscules et en caractères gras. Dans le cas des lexies attestées à l’écrit sous diverses variantes orthographiques, c’est la graphie la plus courante dans le corpus qui est retenue en vedette, les autres graphies apparaissant dans la rubrique "Variantes". S’il s’agit d’attestations orales uniquement, apparaît la mention "Attesté à l’oral uniquement" : dans ce cas, la vedette est constituée d’une graphie qui est ma propre interprétation orthographique de l’unité signifiante (à moins que ce ne soit une graphie donnée comme telle par un informateur –notons que ce dernier cas de l’information métalinguistique est bien distinct du cas de l’attestation écrite récoltée au sein d’un corpus "authentique").

S’il existe un usage préférentiel évident, il est mentionné en vedette : par exemple, avoir mal où ? s’emploie surtout conjugué avec "tu" et la vedette est donc : AVOIR MAL OÙ ? : T’AS MAL OÙ ? 


-"Attesté uniquement à l’oral"

Cette mention signifie qu’en l’état actuel de la recherche, la lexie n’a été trouvée dans ni dans les corpus écrits ni dans les répertoires lexicaux118 mais seulement dans un ou des corpus oraux.


-Catégorie grammaticale 

Elle apparaît en abréviations et entièrement en minuscules. Le double genre est mentionné, sur le modèle du Petit Robert, par l'absence de mention de genre, "n." signifiant "nom masculin ou féminin". La valence des verbes est mentionnée: "v.intr." ou "v.tr.dir./ind." etc. La nature grammaticale des unités de phraséologie peut aller de la locution à la phrase entière, cette dernière marque pouvant se combiner avec d'autres, en particulier avec l'interjection : ça* va pas ton vélo! est une "phrase interjective" marquant une réaction de surprise vis à vis de l'allocutaire. La notion d'interjection en tant qu'unité linguistique exprimant une réaction vive, est donc ici adaptée à l'unité "phrase" alors qu'elle est habituellement cantonnée au mot ou à la locution (du moins selon la définition de Dubois, 2002 -à l'article "interjection"). Une autre adaptation est apportée à cette catégorie syntaxique : la "phrase interjection" peut en effet être de type exclamatif, comme c'est le cas habituellement pour toute interjection, mais également de type interrogatif, comme pour t’as mal où ? (item : AVOIR) équivalent de "tu es fou!", la réaction vive se manifestant alors par une phrase qui, du point de vue formel, est une question, mais qui, du point de vue sémantique, est plutôt une exclamation, qui n'attend pas de réponse. Il arrive également qu'une particularité lexicale soit constituée non d'une phrase matérielle mais d'une structure de phrase, c'est le cas en particulier des vedettes marquées "structure de phrase". Il s’agit de structures linguistiques qui peuvent générer des expressions ayant une base sémantique commune. Par exemple, c’est* bon si + phrase est une structure de phrase complexe -autrement dit une proposition subordonnant un (ou des) enchâssement(s), et signifiant "Il faut que + phrase" (C'est bon si tu répares ta voiture.. : "Il faut que tu répares ta voiture...").


- Marque(s) d’usage

Elle (s) figure(nt) en minuscules avec majuscule initiale et en abréviations. La description de l'usage de la lexie par ces marques est évidemment essentielle en lexicographie puisqu'elle permet d'indiquer son degré de vitalité, son portrait social, son "écologie", sa personnalité propre. C'est à l'issue des enquêtes polylectales menées sur le terrain (voir plus haut : "Objectifs et type d’approche"), dans différents milieux linguistiques, sociaux, ethniques, générationnels… etc., que l'on a pu faire un bilan de l'usage concret des "mots" répertoriés.

Les marques d’usage décrivent les aspects suivants :

. Vitalité

Vx (lexie qui n’est plus en usage). Vieilli (lexie qui est plutôt en usage dans les tranches d’âge supérieures). Vieillissant (lexies dont l’usage commence à glisser vers les tranches d’âge supérieures). Rare. Peu cour. A.cour. Cour. T.cour. ….(voir les abréviations infra dans les « Conventions graphiques »).

. Registre de langue

Fam. (registre caractérisé pas un degré minimum de surveillance linguistique). Vulg. ("gros mot" dont la vulgarité est souvent banalisée en contexte calédonien –voir supra : "Bilan de l’analyse polylectale"). Plaisant (registre de la plaisanterie, lexies employées pour plaisanter –voir plus haut, idem). Spéc. (terme relevant d’un lexique spécialisé, le domaine de spécialisation étant alors mentionné à la suite)…

. Aspect ethnolectal

Les marques ethnolectales décrivent un usage non généralisé à tous les groupes, et mentionnent que la lexie est en usage dans un groupe ethno-linguistique particulier, de façon exclusive (par exemple : "Ethnolectal européen*") ou de façon majoritaire : dans ce dernier cas, on mentionne d’abord l’usage ethnolectal majoritaire, par exemple "Ethnolectal européen*" (signifiant alors : "en usage surtout chez les Européens*") ; puis, si nécessaire, l’usage ethnolectal minoritaire : par exemple "Moins cour. chez les Kanak*" (signifiant alors "moins cour. chez les Kanak* que chez les Européens*").

. Aspect sociolectal

On mentionne par la marque "Sociolectal (pop.)" que la lexie relève du sociolecte populaire, c’est-à-dire est en usage dans les catégories défavorisées socialement (ou socio-culturellement), avec toutes les réserves que cela peut comprendre (voir supra : "Bilan de l’analyse polylectale et sociolinguistique").


-Identification scientifique

Lorsque l’entrée est un terme relevant du domaine de la flore ou de la faune, l’identification scientifique du référent est mentionnée. Elle est suivie, pour les noms de végétaux, de la mention abrégée du nom du botaniste qui est à l’origine de l’identification de la plante, ce afin d’éviter toute ambiguïté lorsque sera venu le temps de confronter nos données et celles d’autres contextes francophones : un même nom latin a en effet parfois été donné à plusieurs plantes, mais par des botanistes différents, le nom du botaniste est alors le seul moyen de lever l’ambiguité. Dans certains cas, le nom du botaniste n’a pas été retrouvé dans l’index de Kew, et il reste donc à compléter. Lorsque l'identification scientifique a été particulièrement difficile à trouver, la source d'information est mentionnée.


-Définition

La définition, point central de l'article, est fondée sur trois principes: principe syntaxique de substituabilité paradigmatique, principe sémantique de sélection des traits dénotatifs essentiels, principe formel de l'emploi exclusif de la langue standard comme langue de description.

Le principe de substituabilité exige que la définition ou le mot principal de la suite syntagmatique constituant la définition soit une unité du paradigme de la lexie traitée. Ainsi le premier mot de la définition de "niaouli" est "arbre", et dans les illustrations proposées, il est donc grammaticalement et sémantiquement possible de remplacer les occurrences de "niaouli" par "arbre". Ce principe évite naturellement le type de définition non lexicographique constitué formellement par une sorte de commentaire sur le mot: "C'est un arbre qui ...". Toutefois, certains cas sont particuliers : notamment, les interjections et les termes d’adresse, ne peuvent être définis comme les autres lexies car dans le premier cas, il s’agit de décrire la réaction ou l’attitude exprimée par l’interjection en question (la surprise pour Bataillon !, l’attendrissement pour Aouh !...), et dans le deuxième cas, il s’agit de d’indiquer à quel type d’allocutaire le terme d’adresse est réservé (beau frère : terme d’adresse amical pour interlocuteur masculin). Citons également l’exemple des termes génériques qui ne sont pas en soi des calédonianismes mais constituent des entrées que parce qu’ils permettent la composition de calédonianismes sur leur socle : c’est le cas de CHIEN, qui entre dans la composition de nombre d’insultes et qui ne peut, en tant que générique, être défini comme une lexie ordinaire car ce n’est pas, dans ce cas, le signifié de chien que l’on définit mais son signifiant en mentionnant : "terme du français de référence entrant en tant que générique dans la composition d’insultes…".

Le deuxième principe, celui de la sélection des traits dénotatifs essentiels du signifié, semble évident, si l'on cherche à construire une définition brève et efficace. Les détails de description du concept sont renvoyés à la rubrique encyclopédique.

La distinction "langue de description" Vs "langue décrite" est d'ordre didactique, et rappelle la différence entre langue d'enseignement et langue enseignée. Afin d'éviter le phénomène de boucle provoqué par des définitions comportant des termes eux-mêmes à définir (définitions utilisant des mots marqués d'astérisques), nous avons dans la mesure du possible, évité au maximum d'employer le français calédonien* dans les définitions. Cependant, nous y avons parfois été obligée, lorsque par exemple, la volonté de "traduire" les termes en français de référence rendait le texte trop lourd.

D'une manière générale, c'est donc une variété centrale de français (correspondant à la norme exogène du français de référence), qui est employée dans les définitions, une variété non marquée, ni par les calédonianismes, ni par les registres de langue non conformes à la norme : par exemple les lexies de registre familier sont définies dans un français de référence, leur équivalence hexagonale en français familier étant indiquées éventuellement dans la rubrique "Equivalent".


-Illustrations

Elles sont constituées d’énoncés (oraux ou écrits) mentionnés comme exemples d’emploi. Ces illustrations sont le plus souvent référencées119, dans ce cas elles sont issues des corpus récoltés entre 1990 (période de mes premières enquêtes de terrain) et 2022 (période de mes dernières récoltes avant l’ouverture du présent dictionnaire en ligne). D’autres exemples d’emploi sont fournis dans les articles au fur et à mesure des observations de terrain postérieures à 2022 puisque cet observatoire du géolecte calédonien* continue d’être tenu après sa mise en ligne (2022). Les illustrations issues du corpus virtuel constitué par ma propre compétence linguistique de locutrice native (cas rares) soit ne sont pas référencées (énoncés forgés ad hoc) soit portent la mention "Oral spontané, s.d." ("s.d." signifiant sans date, ces énoncés étant puisés dans mon corpus "naturel" de locutrice native, c'est-à-dire récoltés au hasard des interactions verbales dans mon environnement personnel).

Certains articles n’ont pas d’illustration, dans les cas suivants :

a) Renvoi à un autre article où se situe l’illustration.

b) Entrées relevant des domaines de la flore et de la faune : Effectivement, certaines de ces entrées n’ont

parfois pas d’attestation de corpus. Précisons d'abord que les attestations sont moins fréquentes, d’une manière générale, pour ces termes que pour les termes du vocabulaire général (et il était à mon sens inutile de forger une illustration dans ces cas-là). Remarquons ensuite que les articles demeurent pertinents (même sans attestation de corpus) car ils permettent de répertorier des noms de plantes et d’animaux, qui, s’ils sont parfois d’un usage spécialisé et/ou rare (articles en gris dans le présent dictionnaire en ligne) font partie intégrante du lexique francocalédonien. Par exemple, des termes comme dawa bariolé (poisson) ou acacia blanc (arbre), ne sont pas d'usage courant, ils ont été récoltés dans des ouvrages spécialisés soit en linguistique (lexiques de l’Observatoire du français dans le Pacifique120 par exemple) soit en botanique ou en zoologie (ouvrages de description des realia locaux121) et ce sont ces sources documentaires qui dans ces cas-là sont mentionnées comme les attestant (mention "Répertorié par..."), constituant ainsi des sources d'attestations écrites122, non de langue courante mais de métalangue ou de la langue spécialisée. Enfin, il faut noter que la présence de ce type de termes ici permet d'ores et déjà de faire un bilan d’un maximum de lexies dans ces domaines particuliers (mi-encyclopédiques-mi linguistiques), dans le but, à terme, d’une confrontation avec les termes de flore et faune issus d’autres contextes francophones, la question étant : y a-t-il ailleurs dans le monde d’autres arbres nommés acacia blanc (et s’agit-il des mêmes arbres ?). On voit que pour répondre à ce type de question, l’attestation de corpus n’est pas indispensable immédiatement.

c) Entrées relevant d’autres domaines spécialisés tels que la sociologie du monde kanak*,

l’administration ou la linguistique : Elles sont dans le même cas que celles évoquées en b) : par exemple, chef de lignage n’a pas d’attestation de corpus, mais a été récolté dans un ouvrage de socio-ethnologie et il est important de le répertorier dans le but, à terme, d’une confrontation éventuelle à d’autres contextes francophones (sociologie du monde africain ou autre).

d) Variantes ou synonymes pour lesquels on n’a, comme c’est parfois le cas, pas encore d’attestation

(cas où on n’a d’attestation que pour le terme générique le plus courant mais pas pour les synonymes) : ces synonymes doivent tout de même constituer des entrées pour pouvoir être trouvés par l’usager du dictionnaire qui les cherche, afin que cet usager puisse être orienté vers le terme générique, et connaître le sens du mot qu’il cherche. Ces articles sont le plus souvent minimaux (ils sont à compléter par des récoltes de données à venir) : pas d’attestation, pas de détails, le but est de les lister et de renvoyer à un article générique.


-Equivalents hexagonaux

Lorsque la lexie traitée relève d'un registre endogène « non standard » (registre sociolectal populaire, registre familier… etc.) la définition, donnée en « français standard » (français de référence non marqué par le registre), est complétée par l'équivalent hexagonal du registre « non standard » correspondant: par exemple, tata, terme familier, signifie "au revoir" mais équivaut plutôt à "salut", en français familier hexagonal.

Les équivalents hexagonaux sont issus de sources diverses, qui constituent un corpus polylectal "de confrontation" : Le Petit Robert peut être notamment la source des équivalents relevant du registre familier, les dictionnaires de langue « non standard » (par exemple le Dictionnaire du français non conventionnel -Cellard) celle des équivalents relevant des registres populaire, argotique, vulgaire …etc. : voir supra le point « Données de base ». La référence de la source n’est citée que lorsque celle-ci est dictionnairique (souvent en abrégé : DFNC pour Dictionnaire du français non conventionnel par exemple, voir bibliographie plus loin) : ne sont pas référencés les équivalents fournis par des locuteurs-informateurs divers et variés ou trouvés sur les sites internet (souvent amateurs) consacrés à l’argot ou à la langue populaire –voir supra le point « Données de base »).


-Synonyme

Le fait que la synonymie ne soit jamais qu'une parasynonymie est bien-sûr très connu, et peut s'appliquer au phénomène inverse qu'est l'antonymie. Nous n'avons considéré ici comme synonymes et antonymes que les termes relevant du même registre et comportant les mêmes traits connotatifs, comme par exemple canon, chouchoute, kakoune …etc., synonymes signifiant "coup de poing". Par contre, les lexies dont la dénotation est similaire mais qui divergent par leur connotation ou leur registre ne sont mentionnés dans la rubrique "Syn." que sous la forme de renvois: au mot CANON, la rubrique "Syn."comporte les indications suivantes: "Syn.: Coup* de tampon. Chouchoute*. Kakoune*. Pète*. Taquet*. V. sikis, Sikol." Les deux dernières lexies, auxquelles le lecteur est renvoyé, ont la même signification que les autres mais s'en distinguent par leur marque d’usage ("vieilli").

Une autre distinction est également à observer dans ce domaine, entre synonyme et variante. C'est à partir du signifiant qu'un critère distinctif peut sans doute être forgé : on peut considérer en effet que deux termes sont synonymes lorsqu’ils ont le même signifié mais que chacun possède un signifiant apparemment sans rapport (pour le mot curry, un des synonymes est safran), alors que deux variantes d'un même mot traduisent le même concept tout en comportant des similitudes de signifiant (pour curry, une des variantes est curry calédonien), l'un des signifiants étant l'origine de l'autre... et la question étant souvent de savoir lequel des deux est antérieur ou, faute de mieux, plus courant. Le problème se corse quand il s'agit de composés : si, à partir d'un terme de base, un autre mot est formé par composition, et possède le même sens, ce nouveau mot est-il une variante ou un composé-synonyme du premier? : curry calédonien est-il un composé- synonyme de curry, ou curry est il une variante abrégée de curry calédonien?...

-Norme

Cette rubrique rassemble des informations diverses mais contrairement à la rubrique

encyclopédique ("Encycl.") elle est exclusivement linguistique, regroupant des éléments concernant les normes locale et hexagonale, que ce soit au sens évaluatif (par exemple : telle lexie est jugée moins vulgaire en contexte calédonien* qu’en contexte hexagonal…), ou que ce soit au sens statistique (telle lexie est beaucoup plus fréquente dans tel contexte que dans tel autre…).


-Collocations fréquentes

S’il y a collocation, c’est que la lexie est souvent employée avec d’autres "mots" ou entourée de tel(s) autre(s) "mot(s)" : par exemple pour AWA, une des collocations est Awa dis pas ! Une collocation peut aussi consister en une modalité grammaticale accompagnant souvent la lexie : pour DERAPER, la collocation mentionnée est : Dérape ! Sont données dans cette rubrique, car considérées comme collocations également, les expressions de phraséologie qui sont construites sur la base de la lexie vedette.


-Dynamique

Cette rubrique n’apparaît que lorsqu’il y a lieu de l’ouvrir : si le mot n’a malheureusement pas pu faire

l’objet d’enquête ou n’a pas été l’objet d’observations particulières concernant l’évolution de son usage, la rubrique n’apparaît pas. Voir supra : « Objectifs et type d’approche ».


-Renvoi vers la Base de Données Lexicographiques Panfrancophone (BDLP) : un lien vers l’entrée correspondante de la BDLP apparaît en fin d’article, si la lexie en question a été répertoriée par Pauleau, BDLP, 2006-2013.





Conventions graphiques


*  : renvoi

A.cour : une partie des locuteurs (au plus 50%) connaît et emploie le "mot" en question.

A.peu cour. : assez peu de locuteurs (entre 10 et 25% environ) connaissent et emploient le "mot".

adj. : adjectif

adv. : adverbe

Bas mésolectes : usage du français particulier aux locuteurs très peu lettrés, notamment les non francophones de langue maternelle.

Basilectal : usage particulier aux non francophones de langue maternelle et spécialement aux locuteurs du français créolisé et du créole (tayo ou patois de Saint Louis).

BD : Bande dessinée

BDLP : Base de Données Lexicographiques Panfrancophone

Cour. : emploi courant -la majorité des locuteurs connaît et emploie le "mot".

déf.  : défini

DEL : Dictionnaire des expressions et locutions de REY (cf bibliographie)

dét. : déterminant

DFNC : Dictionnaire du français non conventionnel de CELLARD (cf bibliographie)

DFP : Dictionnaire du français parlé de BERNET (cf bibliographie)

Ecrit : usage exclusivement écrit.

Enfantin : usage particulièrement courant chez les enfants.

Ethnolectal  : en usage particulièrement dans le groupe ethnolinguistique cité à la suite.

f. : féminin

Fam. : usage parlé et parfois écrit de la langue quotidienne (opposé à la langue des situations imposant l'auto-surveillance linguistique)

Fig. : sens figuré

hapax  : terme n’ayant été rencontré qu’une seule fois dans le corpus 

loc. : locution

m. : masculin

N. propre : nom propre

n. : nom

NC : Nouvelle-Calédonie

Peu cour. : peu de locuteurs (moins de 10% environ) connaissent et emploient le "mot".

Plaisant : usage correspondant au contexte énonciatif de la plaisanterie, de l'humour à propos de la variété de langue locale, en général un humour de connivence entre natifs.

plur. : pluriel

poss. : possessif

PR : Petit Robert de ROBERT (cf bibliographie)

Pr. (pers.) : pronom (personnel)

Prép. : préposition

Rare : emploi très réduit (moins de 5% environ).

s.d. : sans date (corpus non daté, mais à situer entre les années 1970 et 1990).

SN : syntagme nominal

Sociolectal (pop.): "populaire" : courant en particulier dans la langue parlée des milieux populaires (mais

éventuellement possible dans d'autres milieux sociaux ou socio-culturels)

Sout. : usage soutenu.

Spéc. : le mot appartient au vocabulaire spécialisé du domaine mentionné à la rubrique suivante

T.cour. : emploi très courant du "mot".

T.rare : emploi le plus réduit avant l'hapax.

Usuel : le mot n'appartient pas à un vocabulaire spécialisé.

v. : verbe

V. : voir

v.inf. : verbe à l'infinitif

v.pron. : verbe pronominal

v.tr./intr. : verbe transitif/ intransitif

v.tr.dir/ind : verbe transitif direct/ indirect

Vieilli : le mot est encore compréhensible aujourd'hui mais ne s'emploie plus couramment.

Vs  : versus : par opposition à

Vulg. : mot dont l'emploi est considéré comme "choquant", contraire aux règles de bienséances,

quelle que soit la classe sociale ( d'après le Petit Robert XXIX).

Vx : le mot n'est plus en usage aujourd'hui.








Annexes


Statut de la Nouvelle-Calédonie

A la suite d’une quasi-guerre civile (les événements des années 1980), les Accords de Matignon, signés entre J.-M. Tjibaou pour le Front de Libération National Kanak* Socialiste (FLNKS) et J. Lafleur pour le Rassemblement Pour la Calédonie* dans la République (RPCR), interviennent le 26 juin 1988 : trois provinces semi-autonomes sont créées et un référendum d’autodétermination est prévu pour 1998. Le référendum est ensuite repoussé plusieurs fois puis se tient finalement à trois reprises (en 2018, 2020, et 2021) avec pour résultat chaque fois un « non à l’indépendance »123.

Les Accords de Nouméa du 5 mai 1998 engagent la transformation du statut de la Nouvelle-Calédonie. Sont organisés de larges transferts de compétences, sur le chemin de la pleine souveraineté. Ces Accords se traduisent par la révision constitutionnelle du 20 juillet 1998. Le statut de la Nouvelle-Calédonie fait désormais l’objet du titre XIII de la Constitution. Les modalités de transfert de compétences de l’État aux institutions de Nouvelle-Calédonie, les règles d’organisation et de fonctionnement de ces institutions ainsi que celles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l’emploi et au statut civil coutumier sont renvoyées à une loi organique. La loi organique n°99-209 du 19 mars 1999 reconnaît la spécificité de ce territoire d’outre-mer et met en place des mécanismes spécifiques pour les populations insulaires. Tout d’abord, le partage de la Nouvelle-Calédonie en trois provinces semi-autonomes introduit en 1988 est consacré. Chacune de ces provinces possède une assemblée délibérante qui lui est propre. Elles disposent également de représentants au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Ces mesures constitutionnelles et législatives soulèvent la question du statut juridique de la Nouvelle-Calédonie. Depuis la révision constitutionnelle du 20 juillet 1998, son statut fait l’objet d’un titre constitutionnel à part entière, le titre XIII. Ceci a deux conséquences. Premièrement, le statut des territoires d’outre-mer, jusqu’alors défini par l’article 74 de la Constitution, n’est plus unique. Deuxièmement, la Nouvelle-Calédonie échappe au statut général des collectivités locales défini par le titre XII de la Constitution. Toutefois, la révision constitutionnelle de 2003 l’intègre à la liste des collectivités d’outre-mer (article 72-3). La Nouvelle-Calédonie est plus particulièrement une collectivité « sui generis ». Dans ce cadre, on emploie l’expression « collectivité d’outre-mer à statut particulier » pour la désigner.


D’après :

https://www.nouvelle-caledonie.gouv.fr/Politiques-publiques/Avenir-institutionnel-de-la-Nouvelle-Caledonie/Le-statut-de-la-Nouvelle-Caledonie

https://www.vie-publique.fr/fiches/20236-le-statut-de-la-nouvelle-caledonie

Pour plus de précisions, notamment sur les accords de 1988, 1998, et sur le référendum : voir ce dernier site.


Pour d’autres éléments de description de la situation de la Nouvelle-Calédonie, voir supra au début de cette introduction : « Point de vue géo-linguistique » et « Point de vue démographique ».








Bibliographie - Sitographie



Voici la liste des références bibliographiques.

Celles qui constituent le corpus124 de données calédoniennes* sont rassemblées en caractères gras : ce sont les ouvrages dépouillés pour le recueil des données écrites.

Pour les références citées selon une codification spéciale dans les articles du dictionnaire, voyez d’abord la liste ci-dessous.



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Anthologie

BOGLIOLO

Contes de Thio

BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE THIO

DEL

REY

DFNC

CELLARD

DFP

BERNET

Récits Collégiens

Önië …Ôi

F.O.L.

Fédération des Oeuvres Laïques [F.O.L.]

Littérature NC

Nyx

Manuel de français, 2002

GASSER et alii.

Manuel de français, 2004

BOLO et alii.

Manuel Ecologie

CENTRE TERRITORIAL DE RECHERCHE ET DE DOCUMEN­TATION PÉDAGOGIQUES [CTRDP] (éd.), Écologie en Nouvelle-­Calédonie

Manuel Education Civique

CENTRE TERRITORIAL DE RECHERCHE ET DE DOCUMEN­TATION PÉDAGOGIQUES [CTRDP] (éd.), Éducation civique

Manuel Lectures

BARRE

Observatoire

CNRS

Poèmes Lycéens

On fait le peuple d'ici

PR

ROBERT

Essai (collectif)

COLLECTIF , Etre Caldoche aujourd’hui





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Sitographie (consultations 2022) :


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Bichelamar Babelistan : http://webyumi.chez.com/lexi_fr.htm

Bichelamar, Dr Early R. : https://www.bislama.org/

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Petit Robert : https://www.lerobert.com

Tahitien : https://www.freelang.com/dictionnaire/tahitien.php#download

Trésor de la Langue Française Informatisé : https://www.le-tresor-de-la-langue.fr/


NB : De nombreux autres sites internet sont cités dans les articles du dictionnaire, avec leur adresse directe, et n’apparaissent donc pas ici, c’est le cas notamment des nombreux sites du youtubeurs dont sont extraits certains énoncés servant d’illustrations dans les articles du dictionnaire.


















































Notes


 


1 Les astérisques renvoient à l’inventaire dictionnairique de A à Z sur le présent site.

2 Même s’il en existe un, le tayo (ou "patois de Saint-Louis") mais dont l’usage est très restreint : voir au point suivant « Le français calédonien* : un géolecte du français », le « point de vue historico-linguistique ».

3 Pour plus de détails, voir la partie « Le français calédonien* : un géolecte du français », point « Dynamique sociolinguistique actuelle ».

4 Estimations 2022 (OIF, observatoire.francophonie.org).

5 Voir au point suivant « Le français calédonien* : un géolecte du français », le « point de vue historico-linguistique ».

6 Voir au point suivant « Le français calédonien* : un géolecte du français », « Travaux en linguistique générale portant surtout sur les langues kanak* et le créole tayo* ».

7 Pour d’autres éléments sur le statut et la situation actuelle de la Nouvelle-Calédonie : voir le texte « Statut de la Nouvelle-Calédonie » en annexe.

8 (que ce soit les ouvrages de non-spécialistes -comme les Mille et un mots de la Fédération des Oeuvres Laïques en 1983- ou le lexique en ligne de « Croix du sud »- ou les deux inventaires lexicographiques que j’ai publiés -Pauleau, 1995, Pauleau 2007-)

9 D’après Pauleau, 2016b : 5-7, dont le texte est ici revu, augmenté, actualisé.

10 Voir le texte « Statut de la Nouvelle-Calédonie » en annexe.

11 Voir « Travaux en linguistique générale portant surtout sur les langues kanak* et le créole tayo* ».

12 Distance en km des territoires ultramarins à Paris : Guadeloupe : 6 761, Nouvelle-Calédonie : 16 758, Polynésie : 15 727, Réunion : 9 342.

13 « […] la Nouvelle-Calédonie échappe au statut général des collectivités locales défini par le titre XII de la Constitution. Toutefois, la révision constitutionnelle de 2003 l’intègre à la liste des collectivités d’outre mer (article 72-3). […] la Nouvelle-Calédonie est une collectivité « sui generis ». Dans ce cadre, on emploie l’expression « collectivité d’outre-mer à statut particulier » pour la désigner. » (www.collectivites-locales.gouv.fr/statuts-nouvelle-caledonie-et-polynesie). Voir le texte « Statut de la Nouvelle-Calédonie » en annexe.

14 Voir la carte des aires culturelles infra.

15 Insee.fr.

16 La Nouvelle-Calédonie se place au troisième rang mondial des réserves estimées (IRD, 2012 : 161) : 7% des réserves mondiales (Gay, 2021, 150).

17 80 % environ de la création de richesse – chiffres de 2009 (IRD, 2012 : 149).

18 Indice de Gini de 0,43 (Gay, 2021 : 97). Les inégalités mesurées par l’indice de Gini « peuvent porter sur des variables de revenus, de salaires, de niveau de vie, etc. » (insee.fr, consultation 2022).

19 La croissance économique résistait encore à la crise mondiale après les années 2000 du fait de la récente construction de deux usines métallurgiques et le fort taux d’emploi (57,9 %) restait réel malgré les vicissitudes d’un marché du nickel capricieux, explosant par exemple après 2002 mais déclinant fortement en 2009 (IRD, 2012 : 149). En 2021, la situation est dégradée : « La sujétion à la Métropole est flagrante sur le plan économique » (Gay, 2021 : 135). Notamment, les usines de nickel ne sont  « plus rentables aux cours actuels (2020) » (Ibid.).

20 Gay, 2021 : 189.

21 Voir le texte « Statut de la Nouvelle-Calédonie » en annexe.

23 Les îles de l’Océanie (notamment Nouvelle-Calédonie et Polynésie) sont au premier rang de ce classement en termes de proportion de francophones (99 et 98%). La Réunion est aussi à l’avant de la scène (88%). Arrivent ensuite, avec un écart frappant, le Gabon (65%) Mayotte (63%) et le Congo (61%) -estimations OIF 2022 : observatoire.francophonie.org.

24 « Le système éducatif assure aujourd’hui la scolarité obligatoire : le taux de scolarisation est de 100% à l’entrée au collège (…) » (IRD, 2012 : 204). C’est cette information qui est pertinente pour notre propos puisque le critère définitoire d’un « francophone réel » est celui d’une scolarisation en français d’au moins 6 ans (v. note infra).

25 Les études dans ce domaine comptent en moyenne au moins deux ans de scolarisation pour un francophone dit « potentiel » (ou « partiel ») et au moins six ans pour un francophone dit « réel » (Queffélec 2000). L’Organisation Internationale de la Francophonie – OIF – (2011) distingue désormais « francophones » (« personnes capables de faire face, en français, aux situations de communication courante ») et « francophones partiels » (« personnes ayant une compétence réduite en français, leur permettant de faire face à un nombre limité de situations »). La proportion de francophones calédoniens* (99%) donnée par l’OIF en 2022 - observatoire.francophonie.org.- est donc celle des francophones réels.

26 Bien que d’autres groupements existent, il est courant en sociolinguistique de la francophonie de classer les régions francophones en deux groupes, ceux de la francophonie « du nord », comprenant les régions du berceau de la langue française comme la France et la Belgique ainsi que celles dans lesquelles le français est d’implantation ancienne comme le Québec, et ceux de la francophonie « du sud », désignant les régions dans lesquelles la langue française a été importée plus récemment par la colonisation.

27 Ce tableau ne doit pas occulter l’échec scolaire massif des Kanak et d’autres populations océaniennes et le taux d’illettrisme de 18% en Nouvelle-Calédonie, avec une école qui ne tient toujours pas suffisamment compte des spécificités océaniennes (Gay, 2021 : 95).

28 Notamment d’après CNRS, 1983-1992 et Pauleau, 2016b : 7-10, dont le texte est ici revu et actualisé.

29 Le mot Kanak* (n.pr. ou adj.) est employé ici dans le sens de ‘Mélanésien’. Même si ce mot a encore parfois une valeur politique dans certaines situations, il est d’un usage de plus en plus courant sans valeur politique particulière.

30 On en dénombre trente-deux à la fin du XIXe siècle, vingt-huit aujourd’hui, voir carte 3 infra. Voir également le site de l’Académie des Langues Kanak* (ALK) : https://www.alk.nc/aires-coutumieres.

31 Idiome mixte comme on en trouve ailleurs dans le monde, souvent issus de situations de commerce, mettant en contact diverses langues et les mélangeant.

32 Corne, 1979 : 632

33 Hollyman tire ces chiffres de l’analyse d’un dépouillement portant sur 600 immigrants.

34 Les chiffres officiels ayant probablement été minimisés (IRD, 2012 : 108).

35 Les chiffres, jusqu’à la fin de ce paragraphe, sont empruntés à IRD (2012 : 107-110).

36 Cependant, moins du dixième des bagnards s’installe dans le pays (Gay, 2014 : 51). En outre, les anciens détenus ne doivent vivre ni à Nouméa ni dans les centres de brousse* car ils n’y sont pas autorisés, ils doivent donc rester hors des centres urbanisés (Ibid.).

37 Ces mineurs constituent un prolétariat qui ne peut se déplacer librement dans la colonie, surtout dans les centres urbains de brousse* et à Nouméa, qu’il s’agisse des Kanak* soumis au code de l’indigénat, des anciens bagnards ou des travailleurs engagés océaniens et asiatiques (Gay, 2014 : 55).

38 En 1936, la population asiatique et javanaise venue pour la mine constitue toujours 13 % de la population (IRD, 2012 : 110).

39 Le choc épidémiologique datant de la période des premiers contacts (XVIIIe siècle), les pertes humaines conséquentes aux insurrections, la dépression collective sont notamment à l’origine de cette chute démographique.

40 Le recensement de l’ISEE est fondé en 2019 sur la question suivante : A quelle communauté estimez-vous appartenir ?

41 Voir le point de vue géo-linguistique supra.

42 Voir en annexe le texte « Statut de la Nouvelle-Calédonie ».

43 D’après Pauleau, 2016b, dont le texte est ici revu, augmenté, actualisé.

44 Voir Ehrhart, ds Pauleau, 2016b, au sujet du tayo*, d’une part, et des langues déclarées au cours des recensements, d’autre part, et de la prudence avec laquelle on devrait en déduire un « paysage linguistique ».

45 Voir supra : « Point de vue historico-linguistique »

46 À l’Institut de Formation des Maîtres (IFM) et à l’école Normale du Privé (ENEP), deux Unités d’Enseignements concernent les langues et cultures autochtones. À l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) une Licence Langues et Cultures Régionales est ouverte depuis 2001.

47 Situation ordinaire des locuteurs de substrats (langues autochtones) dans les contextes post-coloniaux.

48 Denis Pourawa, poète kanak*, commentant les vingt-huit langues kanak* existant dans l’archipel calédonien* : En Kanaky*-Nouvelle-Calédonie le français est la 29e langue kanak* (FaceBook, 09-2014). Notons que cette langue française « langue 2 » qui devient parfois « langue 1 » est, chez de nombreux locuteurs océaniens, qui relèvent souvent des classes défavorisées, une « variété populaire de français » : c’est le français kaya décrit par Barnèche (2005), situé au pôle opposé par rapport aux formes de français les plus standardisées (voir le continuum au point suivant).

49 Voir ITSEE & INSEE 1997.

50 Voir le bilan historique supra.

51 « Le passé a été le temps de la colonisation, le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun. » (« Préambule » de l’Accord de Nouméa du 5 mai 1998, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000555817).

52 Voir en annexe le texte « Statut de la Nouvelle-Calédonie ».

53 D’après Pauleau, 2016b, dont le texte est ici revu, augmenté, actualisé.

54 Est-il utile de rappeler le très grand nombre de termes sujets à débats en sociolinguistique autour de la notion de norme et de différence par rapport à la norme. C’est bien sûr le cas de termes comme français standard, français de référence, français central, français normé, norme, français régional, variété régionale, régionalisme, variété populaire, variété familière, variété non standard, variété, registre, usagedéviances, écart, etc. Nous ne soulignerons pas ces difficultés terminologiques à chaque occurrence de tels termes ; en revanche, nous disons ici la gêne que nous ressentons à leur usage.

55 La norme de référence de la langue française est considérée ici comme la forme que prend la langue française chez les locuteurs de la bourgeoisie parisienne cultivée - Martinet (1945), Martinet et al. (1973), Paternostro (2012). Il semble également pertinent d’ajouter que c’est en situation de communication formelle que cette forme de langue est plus particulièrement pratiquée.

56 La présente recherche s’inscrit en effet dans un cadre théorique tel que le conçoit par exemple Berendonner (1983), se fondant sur le principe de l’hétérogénéité de toute (forme de) langue ainsi conçue comme polylectale. Voir infra, dans la partie « Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique », le point « La description lexicologique et lexicographique du français calédonien* ».

57 La norme linguistique standard peut-elle être « atteinte » par les locuteurs réels dans les pratiques réelles en particulier non préméditées ? On peut considérer que la notion de norme est un artifice commode pour la description des langues, mais non une réalité homogène observable dans les corpus écologiques.

58 Voir les deux notes précédentes.

59 Nous utilisons ces termes et cette schématisation par commodité, tout en sachant que tout terme peut être controversé (voir la note supra), surtout lorsque ces termes comportent des adjectifs connotés comme « haut », « supérieur » vs « bas », « inférieur ».

60 Les énoncés (1) à (13) sont des illustrations destinées à rendre un peu concrète l’image du français calédonien*. Précisons que ce sont surtout des marques lexicales qui les distinguent de la norme exogène, le lexique étant, en cet état de la recherche, le domaine le mieux connu (voir infra la partie « Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique »).

61 Voir Barnèche (2005).

62 Parfois appelé autrefois « patois de Saint Louis », lieu d’où ses locuteurs sont souvent originaires. Voir Ehrhart (dans Pauleau, 2016b).

63 Voir supra : la langue kanak* la mieux dotée, le drehu*, compte environ 16 000 locuteurs.

64 Fishman (1965) et d’autres emploient la description en diglossie pour des idiomes non apparentés, et même pour des langues différentes.

65 Pour des précisions sur cet énoncé (10), voir la note infra.

66 En complément de la note supra, précisons que nous employons le terme variété par commodité mais avec de nombreuses réserves théoriques et pratiques qui toutes ne peuvent être explicitées ici. Notamment, du point de vue théorique, on ne peut se résoudre à considérer les diverses formes de langue (diatopiques ou autres) comme des formes homogènes aux contours rigides ; or, le terme variété peut impliquer une rigidité des contours. Sur le plan pratique, le recoupement des dimensions diatopique, diastratique et diaphasique est tel, qu’il est difficile de parler de « variété » de langue sans prendre la précaution de dire qu’il ne s’agit pas d’un ensemble de traits exclusivement observables dans telle « variété ». Une ‘fréquence plus forte de tel trait dans telle « variété »’ : voici la seule observation raisonnable que l’on puisse faire. Sans de telles précautions, les commentaires du type Oui mais on dit ça aussi chez moi ! ou Oui mais on dit ça aussi en France fusent en permanence. Car tel « français régional » comporte des traits communs à tel autre « français régional » ou à tel « français populaire » ou à tel « jargon professionnel », etc.

67 Par exemple, en (10), ce titre de presse affiche un particularisme du français populaire wallisien, l’article brossant le portrait sympathique d’un sportif d’origine wallisienne : la stratégie pour attirer l’œil du lecteur n’est autre que d’afficher ce particularisme wallisien qui suscite un sentiment de connivence linguistique et identitaire calédonien* (parler en français wallisien, c’est avant tout parler un français qui se distingue du français de France et manifester un trait de l’identité locale). D’une manière générale, et souvent de façon plaisante, on aime citer les divers ethnolectes (wallisien ou autre) quand on parle le français calédonien*. L’expression de français indonésien en (4), par exemple, est également employée régulièrement pour plaisanter quand on veut faire de l’humour local (à prononcer avec l’accent évidemment !).

68 Aucune recherche systématique n’a été menée sur l’étymologie et la datation des "mots calédoniens*". En revanche j'ai recherché l'origine de la grande majorité des lexies dans les dictionnaires de langue (kanak* ou autres) et j'ai rassemblé les informations puisées dans les recueils de l'Observatoire du français dans le Pacifique (CNRS, 1983-1992).

69 Comme évoqué supra : la forme de langue qui est considérée ici comme norme exogène (norme de référence de la langue française) le français de la bourgeoisie parisienne cultivée en situation formelle.

70 Cette présentation schématique ayant par nature le défaut de ne décrire que le cas général.

71 Je précise que par rapport au plan phonétique, le plan lexical est connu par les linguistes (en France ou hors de France – et même plus globalement) pour être moins stigmatisant, tout simplement parce que les particularismes lexicaux sont dispersés dans le flux du discours (alors que la prononciation est la musique dont est empreint tout le discours).

72 En lexicographie différentielle est précisément employé le terme inventaire dictionnairique pour signifier que l’objet inventaire produit par la recherche ressemble à un dictionnaire certes, dans sa forme méthodologique, mais n’a pas la visée prescriptive d’un dictionnaire : il ne s’agit pas de désigner le modèle (ou la norme) à suivre mais uniquement de décrire les usages et notamment leur dynamique. Il paraît important de rappeler ces précisions d’ordre idéologique au sein de ce chapitre évoquant les expressions populaires sans cesse renouvelées et toujours stigmatisées.

73 Voir aussi infra, "Présentation du présent inventaire lexicographique en ligne : Objectifs et type d'approche".

74 D’après Pauleau, 2016b, texte revu, augmenté, actualisé.

75 Communication personnelle de 2013 avec un des coordinateurs scientifiques de l’ouvrage.

76 Voir Ehrhart dans Pauleau 2016b -article consacré au créole et aux langues kanak* dans leur relation écologique avec le français calédonien*.

77 Voici les liens vers les principaux sites sur lesquels on trouve des bibliographies concernant ces domaines : le site gouvernemental de l’Académie des Langues Kanak* (ALK) [https://www.alk.nc/, consultation janvier 2023] et le site Langues du Pacifique du Laboratoire des Langues et Civilisations à Tradition Orales (LACITO-CNRS) [https://lacito.cnrs.fr/terrains/langues-et-terrains/pacifique/, consultation janvier 2023].

78 Les exemples lexicaux emblématiques sont, par exemple, le nom de stockman donné aux ouvriers agricoles rentrant le bétail à cheval (à la manière australienne) et celui de station donné à la ferme : le lexique agricole foisonne ainsi d’emprunts à l’anglais austral.

79 Voir en annexe les précisions sur le statut actuel de la Nouvelle-Calédonie.

80 Selon les Principes de grammaire polylectale (Berrendonner, Le Guern & Puech, 1983) prenant en compte une multiplicité de sous-variétés internes à la variété de langue en question.

81 Voir supra : « Situation du français en Nouvelle-Calédonie » - « Continuum sociolinguistique actuel ».

82 Comme l’expression aïta pea pea ‘Ne t’inquiète pas’, empruntée au tahitien, qui était courante dans les années 1980 mais qui semble obsolète désormais.

83 Comme l’adjectif choc ‘formidable’ (C’est choc ! `C’est formidable !’), expression aujourd’hui courante mais nouvelle au moment des enquêtes de 2005.

84 Comme monf * ‘mon frère’ -terme d’adresse en français calédonien* des jeunes. Voir la partie « Le français calédonien* : un géolecte du français », point « Dynamique sociolinguistique actuelle ».

85 Comme les précisions diverses sur la graphie kanak*, dont l’usage a beaucoup progressé depuis la dernière version du dictionnaire en 2007, devenant majoritaire par rapport à l’ancienne graphie (canaque*).

86 Cette base de données rassemble aujourd’hui des descriptions lexicographiques d’une vingtaine de régions francophones.

87 Évasaner* ‘envoyer en évasan* (évacuation sanitaire)’, Kamadja* ‘Blanc’ (les Kamadja* `les Blancs’), aire coutumière* (‘aire dont les frontières sont relatives à la coutume kanak*’), etc.

88 Récolte et observation de corpus oraux sur le terrain : enregistrement des corpus nécessaires à une étude de la prononciation du français de Nouvelle-Calédonie dans le cadre d'un projet Prononciation du Français Contemporain (PFC), 2010. Voir Pauleau, 2016b, ici : https://www.cairn.info/revue-langages-2016-3-page-21.htm

89 Voir en annexe les précisions sur le statut actuel de la Nouvelle-Calédonie.

90 Voir Pauleau, 2016b : 31.

91 Voir dans la partie « Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique », le point « Travaux sur le français calédonien* concernant le lexique ».

92 Base de Données Lexicographiques Panfrancophone (www.bdlp.org) : voir supra la présentation de ce travail au chapitre « Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique ».

93 Réalités locales, qu'elles soient administratives, écologiques (faune, flore), …etc. : par exemple, l’assemblée territoriale, institution administrative d’avant 1988 (accords de Nouméa) disparaît pour être remplacée par l’assemblée de Province et en conséquence ce terme se substitue à l’autre.

94 (au sens de : employée au sein des registres formels)

95 Hollyman, 1971.

96 On peut citer aussi le cas des termes répertoriés avec la marque d’usage "Vx" ("Vieux", par exemple le mot cobaleur). Ce sont des termes qui ont traversé les âges par les médias (médias écrits –littéraire ou autre) ou par la parole des informateurs : repérés dans les corpus, quels qu’ils soient, ces mots parviennent dans l’inventaire alors qu’ils ne sont plus en usage et doivent être considérés comme de "vieux" mots, employés dans des corpus contemporains (souvent en citation –entre guillemets).

97 Voir infra le point  « Bilan de l’analyse polylectale et sociolinguistique ».

98 Ces usages apparaissant sous la forme des "marques d'usage" attribuées à chaque entrée –voir le chapitre "Structure de l’inventaire lexicographique".

99 A distance depuis la France par internet, j’avais diffusé fin 2004 des questionnaires lexicaux par réseaux d’informateurs, chaque informateur renvoyant chaque fois une fiche signalétique et un questionnaire rempli (une quarantaine de locuteurs touchés). A Nouméa en avril 2005, il avait fallu multiplier ces enquêtes par questionnaires surtout chez les jeunes pour sonder les usages nouveaux et vérifier la vitalité des usages "anciens" (enquêtes par questionnaires dans deux lycées de Nouméa ?: une centaine d’adolescents enquêtés). Il avait fallu également récolter des corpus écrits et oraux destinés à être dépouillés, le but étant ici notamment de répertorier de nouvelles attestations pour des mots déjà mentionnés dans le dictionnaire de 1995, et de récolter des mots non encore répertoriés -formes linguistiques nouvelles dans l’usage, ou formes ayant échappé jusque-là aux filets du lexicographe.

100 Peu d’ouvrages lexicographiques consacrés aux lexiques régionaux sont inclus dans ce corpus de français hexagonal, qui est plutôt centré sur les registres situationnels ou socio-culturels. En effet, l’étape de la confrontation systématique du lexique calédonien* aux autres lexiques géolectaux est une étape programmée comme ultérieure (voir plus loin : ‘Bilan de l’analyse lexicographique’). Il faut préciser toutefois que cette confrontation intergéolectale est déjà réalisée par la BDLP pour les quelque 800 items de la BDLP-Nouvelle-Calédonie (voir, dans la partie « Le terrain calédonien* : travaux de recherche en linguistique », le point « Une base de données lexicographiques… »).

101 En effet, certains ‘mots’ ne se trouvent dans aucun ouvrage du corpus de référence mais ont été observés empiriquement dans l’Hexagone. Dans ce cas, soit le ‘mot’ n’est pas pris en compte comme calédonianisme, soit il est pris en compte mais son article comporte dans la rubrique ‘norme’ une mention spéciale (‘possible en français hexagonal selon informateur’). Voir plus loin : ‘Structure de l’inventaire’.

102 Voir Darot M., Pauleau C., 1992.

103 Il faut préciser ici le point de vue adopté pour la description : le registre vulgaire est considéré comme objet à décrire autant que d'autres registres ; cela n’est pas le cas dans toute description lexicographique, car souvent ce registre vulgaire est laissé de côté par les descripteurs par souci de bienséance. Ce n’est pas le cas ici, car le point de vue adopté est celui de la primauté de la visée descriptive.

104 (même si les anciens détenus ne doivent vivre ni à Nouméa ni dans les centres de brousse* car ils n’y sont pas autorisés, ils doivent rester hors des centres urbanisés -Gay, 2014 : 51).

105 Voir Darot M., Pauleau C., 1992.

106 Voir à ce sujet Ledegen, dans Pauleau, 2016b et Thibault, Ibid.

107 Sauf lorsque le groupe ethno-linguistique n’est pas le même, car dans ce cas le sociolecte populaire peut être différent, du fait des interférences avec les langues maternelles des locuteurs.

108 Voir supra le point ‘Dynamique sociolinguistique actuelle’.

109 Voir dans la partie « Le français calédonien, un géolecte du français », le point « Continuum sociolinguistique actuel ».

110 Il s’agit là d’un choix pratique et non d’un choix théorique : il serait en effet regrettable d'occulter notamment le difficile problème de la distinction entre syntagme, collocation... (suites d'éléments ne pouvant constituer une unité lexicale, une entrée) et lexie (unité fonctionnelle significative du discours susceptible de devenir une entrée).

111 Sont évitées pour une lisibilité plus facile par des lecteurs non linguistes les abréviations de syntacticiens de type "si P" ou "que P".

112 Marques sociolinguistiques : « sociolectal » (« pop. » ou autre), « ethnolectal » (« kanak* », « polynésien » ou autre), « familier », « soutenu », « savant », « vieilli », « obsolète ». Marques quantitatives : de « très courant » à « rare ». Voir aussi infra le point « Contenu des rubriques ».

113 Très peu d’entrées ne sont illustrées que par des exemples d’énoncés forgés par l’auteure, le travail de terrain permettant d’éviter cela.

114 Lorsque l’entrée relève d’une variété intralinguistique ayant un équivalent en français hexagonal (p. ex. la « variété familière »), cet équivalent est mentionné (un caillou `une belle fille’ équivalent hexagonal : un canon). Voir aussi infra le point « Contenu des rubriques ».

115 Il s’agit dans cette rubrique de précisions sur la norme, notamment d’éléments de comparaison par rapport à la norme hexagonale décrite par les dictionnaires usuels. Voir aussi infra le point « Contenu des rubriques ».

116 Il s’agit dans cette rubrique de préciser la stabilité de l’emploi de la lexie en question, ou au contraire les changements d’emploi observés. Voir à ce sujet le point « Dynamique sociolinguistique actuelle » supra. Voir aussi infra le point « Contenu des rubriques ».

117 Ce n’est pas toujours le cas : on peut citer les locutions , collocations, composés dans la rubrique concernée mais ne pas les constituer en vedette, si les informations manquent à leur propos ou qu’on les considère comme étroitement dépendants de la lexie sur laquelle ils sont construits.

118 Les répertoires lexicaux, qu'ils soient linguistiques (CNRS -1983 à 1992- ou F.O.L. -1983) ou qu'ils soient botaniques, ichtyologiques, …etc (Rivaton -1990, Laboute -2000, Bourret -1981, ou Rageau -1973, …etc.) sont considérés comme corpus : en effet même si on ne peut objectivement considérer ces lexiques comme des corpus authentiques mais comme des documents métalinguistiques produits non pas dans la pratique naturelle de la langue mais dans des situations d’observation du lexique, ces écrits sont tout de même des productions linguistiques qui concrétisent un passage à l'écrit de termes restés d'abord oraux dans la plupart des cas.

119 La liste des références de corpus se trouve infra en bibliographie, en caractères gras. Souvent, dans le cas d’illustrations récoltées sur Internet, le lien conduisant au site en question est directement donné en fin d’illustration.

120 CNRS 1983-1992 , voir Bibliographie.

121 En botanique : Schmidt, Rageau …etc. En ichtyologie : Rivaton, Laboute …etc. Voir Bibliographie.

122 Pour certains termes, des attestations uniquement orales ont été récoltées mais une source documentaire fournit une attestation écrite : la mention "Répertorié à l'écrit par ..." figure alors à la suite des attestations orales.

124 Voir le chapitre : 'Une recherche en lexicographie. Données de base'.

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MoDyCo

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Université Paris Nanterre
Atanas Tchobanov Ingénieur de recherche CNRS
- MODYCO UMR 7114

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