Clé Key |
Valeur Value |
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id | 1092 |
lettre | P |
generique | PILOU |
lemme | PILOU |
variante | |
article | n.m. 1. T.cour. Danse kanak* autrefois nocturne et chargée de significations symboliques (V. en 2.), aujourd'hui seulement pratiquée à l'occasion d'évènements particuliers (coutumiers* ou administratifs -venue d'un représentant de l'Etat français, par exemple) ou destinée à distraire les touristes. Encycl. : Terme apparu probablement dès le XIXe siècle (Hollyman, 1971 : 917). / "... On frappe des coups retentissants, pour appeler la gent canaque* au pilou. (…) la masse humaine s'agite, ondule, se met en marche, en pilonnant le sol, cadençant son pas sur le rythme brutal de l'orchestre, tous les Canaques* (…) formant un disque immense, tournent, tournent, en avançant par petites saccades en cadence : a é, a a, a é, a a, pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche, toujours ce même pas invariable." (G. Baudoux, cité par Leenhardt, 1937 : 159-161). La deuxième partie de l'épreuve s'est conclue par un pilou. Journal Les Nouvelles, 15/10/1988. C'est aussi le cas du pilou (ou pilou-pilou*), une danse traditionnelle kanak*, souvent associée à des fêtes religieuses, sociales ou claniques*. nouvellecaledonie.travel, consultation 2022. Variante (vieillie) : Pilou-pilou*. Dynamique : Emploi stable (Pauleau, enquête linguistique, 2022). 2. Peu cour. Spéc. Domaine : Sociologie du monde kanak*. Ancienne cérémonie kanak*, qui constituait autrefois le "moment culminant de la société" (Leenhardt, 1937 : 159), et à l'occasion exclusive de laquelle on dansait le pilou décrit en 1. Encycl. : Pour désigner cette cérémonie, les langues kanak* possèdent des mots dont la prononciation varie peu d'une langue à l'autre : par exemple en caac "philu", en yâlayu "phiilu" (Observatoire, 1983). / Maurice Leenhardt (1937 : 162) explique : "Il y a donc bien autre chose dans le pilou, que la danse nocturne, et celle-ci a un sens plus profond que ne peut l'imaginer un spectateur européen* surpris par ces remous humains et leurs relents. (…) Le pilou est la cérémonie qui porte la société à son point culminant, celle où sont renouvelés les contrats sociaux, effectués les échanges, acquittées les dettes, affirmés le prestige et la puissance du clan paternel. (…) [Il] a été à l'époque, quand aucune colonisation ne troublait la vie primitive, le plus glorieux stimulant de son activité. (…)/ La préparation d'un grand pilou demande trois ou quatre ans d'efforts. Il s'agit d'avoir assez de nourriture pour recevoir les hôtes, qui seront plusieurs centaines. (…) La fête peut durer plusieurs semaines. "Ainsi le sommet de la société canaque* n'est pas une tête hiérarchique, un chef*, il est le pilou lui-même (…) Que les pilous cessent, la société perdra son lien et se désagrègera. Et c'est ce qui est arrivé. Sous l'empire de la colonisation, les pilous sont devenus une entreprise trop lourde, les danses nocturnes soutenues par l'alcool, ont exaspéré leur agonie. Et la société est apparue mourante." (Ibid. 170). Avant le pilou c'était pas seulement une danse, au temps des vieux*, c'était plus important... Oral d'enquête, 1990. Trois regards sur le pilou, cérémonie et danse traditionnelle de Nouvelle-Calédonie. Présentation d'ouvrage, www.vers-les-iles, 1998. V. également Pauleau, BDLP, 2006-2013. |
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