Clé Key |
Valeur Value |
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id | 3078 |
lettre | R |
generique | RÉSERVE |
lemme | RÉSERVE |
variante | |
article | n.f. 1. A.cour. Ethnolectal kanak* ou spéc. (domaine : coutume* kanak*). Territoire faisant partie des terres coutumières*, comprenant une ou plusieurs tribus* (v. COUTUMIER, -IÈRE : TERRE COUTUMIÈRE*). Encycl. : « Concept spécifique à la Nouvelle Calédonie. Terres indigènes, officiellement déclarées inaliénables, délimitées par l’autorité coloniale et sur lesquelles les groupes autochtones furent fixés au fur et à mesure de l’extension de la colonisation terrienne européenne*. La réserve, qui peut être occupée par une ou plusieurs tribus*, est administrée par les structures coutumières* de la tribu*. » Site de l’ISEE Nouvelle-Calédonie, consultation 2025. La création de réserves au sens 2. (v. ci-dessous), pendant la colonisation, repose sur l’idée erronée que la propriété privée n’existe pas dans la société kanak* traditionnelle et donc elle sera réservée aux seuls colons, les Kanak* ayant accès à la propriété collective des réserves (Merle 2015). La délimitation officielle de ces réserves par l’administration coloniale, d’une certaine manière et avec le temps, tient lieu de protection de cette propriété collective et cette idée s’est maintenue dans les esprits, on la retrouve dans la définition contemporaine des terre coutumières* (v. TERRE COUTUMIÈRE*). Certaines réserves sont dites intégrales, c’est le cas des Iles Loyauté, petites iles de l’archipel sur lesquelles les colons ne pouvaient s’établir. Cette notion de protection explique la connotation non péjorative du mot réserve évoquée dans l’illustration ci-après. Autour de l’actuelle réserve de Baco, se maintenait en effet une chefferie* pluriclanique, de langue haéké. Ouvrage d’ethnologie, Bensa, 2000 : 25. Le mot « réserve » (…) n’est pas non plus péjoratif en Calédonie*. Pour les Kanak* c’est simplement chez eux, sur leurs terres ; pour les Calédoniens*, souvent, c’est chez les Canaques* (…). Ouvrage Tournabien, 2024 : 17. 2. Vx. Zone délimitée par le pouvoir colonial français, dans laquelle la population kanak* est regroupée et cantonnée. Encycl. (Espirat 2024) : Le mot réserve a cette définition administrative à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle et jusqu’en 1946, date où il est mis fin à ce cantonnement. Les réserves sont appelées initialement « réserves tribales » : les « tribus* » (villages conçus par l’administration coloniale, V. TRIBU) étaient ainsi rattachées à tel ou tel territoire appelé réserve. La création des réserves repose sur l’idée erronée que la propriété privée n’existe pas dans la société kanak* traditionnelle et que donc elle sera réservée aux seuls colons, les Kanak* ayant accès à la propriété collective des réserves (Merle 2015). / La population kanak* devant abandonner des terres pour se rassembler dans les réserves, cela permet à l’administration de la colonie d’attribuer des terres à des colons (par exemple à d’anciens bagnards restés dans le pays à qui on octroie des concessions). Au XIXe siècle, les délimitations officielles des réserves se faisant attendre pendant de longues années, cela donne lieu à des accaparements anarchiques de terres (ces spoliations entraînent les révoltes kanak* de 1878). Les réserves, une fois délimitées sont dites inaliénables (v. ci-dessus en 1. l’idée de protection des terres kanak* associée à la notion de réserve). Précisons que les réserves sont pourtant dès 1897, de nouveau l’objet de spoliations, une nouvelle réglementation permettant à l’administration d’attribuer des terres issues de réserves kanak* à des colons (sauf dans certains lieux comme les îles Loyauté, petites îles de l’archipel constituant une réserve intégrale, les colons ne pouvant donc pas s'y établir). |
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