Inventaire lexicographique du français calédonien

par Christine Pauleau



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Pour citer ce travail :
PAULEAU, C., Inventaire et observatoire lexicographiques du français calédonien (Nouvelle-Calédonie), bilan sociolinguistique sur le géolecte francocalédonien, Paris, site du laboratoire Modèles Dynamiques Corpus (MoDyCo), UMR 7114 du CNRS/ Université Paris Nanterre, depuis 2022, https://ressources.modyco.fr/dicocaledonien/

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dicocaledonien

Clé
Key
Valeur
Value
id866
lettreK
generiqueKANAK
lemmeKANAK / CANAQUE
variante
article

n. et adj. T.cour. Connotation : neutre, péjorative ou méliorative.  1. n. Mélanésien de Nouvelle-Calédonie. Il planterait l'igname* à la façon des Canaques (…). Roman Sénès, 1987 : 41. (…) il participe activement à ce mouvement (…) pour l’amélioration de la vie des Kanak. Journal Loyauté, 2005. Pour ma part je suis un jeune Kanak étudiant à Sciences Po Paris (…). Commentaire de vidéo (Youtube L’indépendance, Coco Banane, 06/2021). La culture calédonienne : Kanaks (peuple autochtone), Européens*, Asiatiques et Polynésiens. Présentation d’une vidéo sur la chaîne touristique d’Aircalin, 2022. (…) le petit Caldoche* grandit à portée de voix de Jean-Pierre, le petit Kanak son copain.  Entretien Barbançon, 2022 : 8.  2. adj. Relatif aux Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie. Totem Sexe/ féconda la Terre Kanake [sic]. Poèmes Gorodé, 1985 : 89. Je suis de mère kanak. Roman Tcherko, 2001 : 42. Le Poulpe (…) revient souvent dans les légendes canaques. Recettes Moglia, 2004 : 8. Patrimoine kanak dispersé (…) ces objets, masques, (…) monnaies kanak, seront renvoyés en métropole. Programme culturel, 04/2005. Le séminaire a créé des élites kanakes [sic]. Journal Le Chien bleu, 08/2019. Il s’agit de la première femme kanak huissier de justice. Journal Les Nouvelles, 01/2020. Les îles Loyauté (…) avec leurs (…) traditions Kanak [sic.].  séculaires. Brochure touristique d’Aircalin, 2022. La coutume* Kanak [sic.]. (…). A la culture kanak s’ajoute celle des autres peuples qui ont rejoint l’archipel… Brochure touristique d’Aircalin, 2022. Ce sont de simples conversations entre un journaliste et un historien. L’un est kanak, l’autre caldoche* (…). (…) Jacques Ieneïc Iekawe est de Tiga. Il termine ses études de droit et de sciences politiques (…) il deviendra le premier préfet kanak. Entretien Barbançon, 2022 : 9, 11.

Encycl. : Le mot hawaïen kanaka signifie : homme (Observatoire, 1983 : 36). / "[Autrefois, avant les années 70-80], s'il y avait bien deux mots que l'on ne prononçait pas, c'étaient ceux de "Kanak" et de "Caldoche*", pour des raisons opposées d'ailleurs. Pour les Kanaks [sic.] on disait alors, les indigènes* ou les autochtones*, quelquefois les Mélanésiens. "Canaque" était considéré comme une injure et les parents calédoniens* apprenaient à leurs enfants à ne pas l'employer. Le terme est devenu péjoratif en Nouvelle-Calédonie dès le début du XXe siècle. On a même vu les tirailleurs Kanaks [sic.] envoyés en France pendant la Grande Guerre faire une démarche auprès des officiers français pour que leur unité ne s'appelle pas comme prévu : 'le bataillon canaque*'." Barbançon, 1988 : 23-24.

Syn. : V. CALÉDONIEN, KAOUIN (péj.), MÉLA, NÉO-CALÉDONIEN, WET (péj.?).

Dérivés : Enkanaké*, ée. Enkanaker* (s').

Composés : V. articles ci-après (composés attestés en cet état de la recherche -2022- avec la graphie kanak). 

Norme : Le mot canaque / kanak (les deux graphies sont répertoriées par le Petit Robert) fait partie du français de référence mais est peu employé dans l'usage hexagonal réel ou est employé de manière erronée (notamment dans le sens étendu de "habitant de Nouvelle-Calédonie"). Le mot du français de référence Mélanésien (qui n'est quasiment pas en usage dans l'Hexagone) est en usage en contexte calédonien* comme synonyme courant de Kanak (mais vieillissant -et plus soutenu (?) que Kanak- (Pauleau, enquête linguistique, 2022). / La graphie la plus fréquente était autrefois la graphie canaque, les variantes graphiques étant diverses et parfois co-présentes dans un même texte -Pauleau, enquête liguistique, 1990. A cette époque encore, seuls la presse kanak (le journal Bwenando par exemple) et les ethnologues et linguistes métropolitains adoptaient la graphie kanak de manière invariable, mais ailleurs la norme graphique en k (fidèle au symbole phonétique [k]) et la règle du non accord des termes ethniques (kanak, même au féminin pluriel) n’étaient généralement pas appliquées.  La tendance a totalement basculé et l’ordre de fréquence des graphies a été inversé depuis les années 1990 : la graphie kanak invariable est désormais souvent adoptée  (Pauleau, enquête linguistique, 2005); un seul auteur seulement, parmi ceux observés lors en 2005 (Pauleau, Ibid.), conserve la graphie en c, désormais ancienne. On peut toutefois encore trouver de temps à autre les variantes graphiques : Canaque*, Kanake*... Citons également une Lettre d'information de l'Agence de Développement de la Culture Kanak [A.D.C.K.] (24/09/1990) : "(…) dès janvier 1985, les Kanak avaient décidé, en conformité avec l'orthographe océanienne, d'écrire ainsi Kanak au lieu de Canaque, le terme étant invariable en genre et en nombre (…). (…)  après une intervention de la présidente de l'A.D.C.K. auprès du ministre des DOM-TOM, ce dernier n'a pas hésité à faire savoir que les deux orthographes étant admises dans la langue française et retenues dans les principaux dictionnaires, rien ne s'oppose à ce que cette orthographe soit adoptée par l'Agence, y compris dans les documents administratifs". En 2023 (Pauleau, enquêtes linguistiques) on observe que la graphie en « k » et le non-accord sont préconisés dans certains services publics, comme par exemple sur le site de la Direction Générale des Enseignements (DGE) où l’on peut lire : L’orthographe « Kanak » est préconisée par l’Académie des langues kanak et utilisée dans le texte de l’Accord de Nouméa du 5 mai 1988. Le nom et l’adjectif « kanak » sont employés de manière invariable en genre et en nombre. -https://www.ac-noumea.nc/spip.php?rubrique88.

Dynamique : Terme stable depuis les années 1990 (Pauleau, enquête linguistique, 2005). Le terme est toujours observable dans la presse et ailleurs, la graphie est variable mais celle en « c » est rare (Ibid., enquêtes linguistiques, 2020-2023); l’accord en genre et nombre est fait, ou non (cf les attestations supra) -Ibid.

V. également Pauleau, BDLP, 2006-2013.

MoDyCo

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Université Paris Nanterre
Atanas Tchobanov Ingénieur de recherche CNRS
- MODYCO UMR 7114

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